Éric Chantry : Dans cette région très marquée par le tourisme et qui concentre 3 600 commerces, dont un tiers de CHR, le marché de la cession de fonds souffre du marasme économique. Les délais de vente se sont allongés et les prix de cession sont en baisse. Néanmoins, compte tenu de la forte activité touristique et de la saisonnalité de cette région, le marché reste attractif et les prix de cession de fonds de restauration restent supérieurs à la moyenne nationale.
Quelles sont les communes qui attirent le plus les exploitants ?
Sur les 23 communes de notre secteur, 80 % des commerces se concentrent sur les huit communes d'Arcachon, La Teste de Buch, Lège-Cap-Ferret, Mimizan, Biscarrosse, Andernos, Biganos et Gujan-Mestras. Ensuite, la saisonnalité affecte la totalité des commerces mais certaines communes concentrent plus de commerces hyper saisonniers que d'autres. C'est le cas par exemple de Lège-Cap-Ferret, Biscarrosse-Plage et Mimizan-Plage.
Qui sont les acquéreurs d'aujourd'hui ?
On peut distinguer deux types de profils : des primo-accédants, salariés du secteur qui souhaitent devenir entrepreneur et s'installer dans la région avec leur famille - ils viennent en général de Paris ou d'autres régions - et des exploitants aguerris qui cherchent à changer de rythme, par exemple en rachetant une affaire plus importante ou en reprenant une activité saisonnière après avoir revendu un établissement ouvert à l'année, ou inversement.
Vers quelles activités se concentrent les primo-accédants ?
Ces acquéreurs reprennent le plus souvent des activités de petite restauration, pizzeria, crêperie, vente à emporter ou snacking. D'une part, ces acquéreurs, disposent d'un apport limité, ce qui restreint leur budget et le spectre des reprises finançables. D'autre part, les banques restent prudentes et ne prennent plus le risque de financer de gros projets lorsque l'entrepreneur n'a pas déjà fait ses preuves en tant que chef d'entreprise. Mais certaines banques dynamiques prennent le pari de financer de telles reprises pour des primo-accédants ayant une solide expérience professionnelle dans le métier. Il appartient au repreneur de bien démontrer la faisabilité de son projet en s'appuyant sur des données concrètes.
Quels sont les commerces les plus vendus par votre agence ?
Nous vendons principalement des fonds de commerce de restauration : brasseries, restauration rapide et traditionnelle...Cela est non seulement lié à l'implantation balnéaire très favorable à la restauration de tout type, mais aussi au fait que la restauration connaît un taux de rotation moyen de cinq ans, soit le plus court du segment d'activité CHR. C'est particulièrement vrai sur le bassin d'Arcachon, qui a beaucoup évolué ces trois dernières années avec un renouvellement de clientèle et l'implantation de nouveaux concepts tels que French Burger, Big Fernand, Mythic Burger, mais aussi des restaurateurs qui ont su renouveler leur offre et moderniser leur établissement en réponse aux attentes des clients.
Les prix de cession sont-ils en baisse ?
Ils sont en baisse, même s'ils restent supérieurs à la moyenne nationale. Par exemple, le prix moyen de vente d'un restaurant traditionnel s'établit à 70 % du chiffres d'affaires hors taxe [CA HT] ; selon les derniers chiffres du Bodacc, dans notre secteur le prix moyen s'établit plutôt à 80 % en moyenne. Pour la restauration rapide, le prix de vente grimpe à 90 % du CA HT en moyenne. Pour la brasserie, le prix moyen peut aller jusqu'à 100 %, étant précisé que plus la part de limonade est importante, plus le prix de cession sera élevé. À noter que le nombre de transactions est resté stable en 2015 et 2016.
Quel est le délai de vente auquel doit s'attendre un vendeur ?
Actuellement, il faut en moyenne une année pour trouver un acquéreur à partir de la prise de mandat. À cela, il faut ajouter les délais de négociation et ceux liés à la procédure de cession, qu'on peut estimer à six mois en moyenne.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON