Cette croissance a été facilitée par l'émergence des plateformes en ligne qui sélectionnent les dossiers et gèrent les paiements. Le crowdfunding est un phénomène amené à durer et à se développer dans la majorité des secteurs de l'économie, notamment dans l'hôtellerie.
► Trois types de financement
Le crowdfunding peut être réalisé de trois manières différentes :
- le don avec contrepartie, ou non, qui permet de se financer en échange d'un bien ou d'un service (exemple : le financement de la construction d'un hôtel en échange d'un futur séjour offert) ;
- le crédit crowdfunding, qui s'apparente à un prêt, à la seule différence que les créanciers se trouvent être des centaines, voire des milliers de particuliers ;
- l'equity crowdfunding, qui permet à une entreprise de se financer auprès d'un grand nombre d'actionnaires pour une partie maîtrisée de son capital.
► Crowdfunding et hôtellerie : l'argument fiscal
Si de plus en plus de personnes souhaitent investir dans l'immobilier, toutes ne peuvent évidemment pas acheter seules un bâtiment. Une première solution consiste à investir dans le crowdfunding immobilier, en participant par exemple à un projet de promotion immobilière en échange d'un certain rendement annuel. Autre possibilité : investir, via une plateforme de crowdfunding, dans une PME hôtelière plutôt qu'immobilière. Ici, l'avantage pour le particulier réside essentiellement dans l'attrait fiscal.
En effet, contrairement à l'investissement purement immobilier, le secteur de l'hôtellerie, de par l'existence d'un fonds de commerce, entre dans les conditions d'une PME éligible dans le cadre de la loi de défiscalisation du 21 août 2007 (moins de 250 salariés, déclarant soit un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50 M€, soit un total de bilan n'excédant pas 43 M€). La réduction de l'impôt sur la fortune est de 50 % des versements effectués tandis que la déduction de l'impôt sur le revenu est de18 %.
► Une opportunité de diversifier ses financements
Le crowdfunding est une opportunité pour les particuliers n'ayant pas les moyens d'acheter entièrement un bien, de diversifier leur patrimoine pour un budget adapté. Diversifier, c'est aussi le mot d'ordre au sein des sociétés hôtelières qui voient dans le crowdfunding un moyen de multiplier leurs sources de financement.
Dans un contexte de raréfaction du crédit pour les PME, le crowdfunding apparaît comme l'une des solutions privilégiées par les dirigeants d'entreprise, d'autant plus que le porteur de projet n'est pas aussi exposé au risque de dilution du capital qu'avec l'entrée d'un partenaire financier. Exemple d'une PME hôtelière souhaitant acheter les murs et le fonds de commerce d'un établissement pour 2 M€. Elle dispose d'un apport de 400 000 € avec lequel elle peut lever 400 000 € en crowdfunding puis obtenir le reste, à savoir 1,2 M€ par complément bancaire. La société en question peut ainsi obtenir à terme 100 % de la valeur de son acquisition pour 20 % d'apport investi (voir ci-dessous). Pour un coût de la dette de 2 %, un coût du crowdfunding de 10 % (ce pourcentage ne prend pas en compte les commissions sur le montant total prélevées par la plateforme) et un coût du capital à 20 %, le coût moyen pondéré du capital pour cette PME serait de 6,8 %.
Le crowdfunding est donc un moyen pour les PME hôtelières de trouver de nouveaux financements grâce au web et à de nombreux particuliers souhaitant investir selon leurs moyens tout en se défiscalisant. Les plateformes telles que Wiseed ou Ulule facilitent grandement ce type de levées de fonds. Il faut tout même souligner que le financement participatif nécessite les mêmes soins qu'un financement classique : en amont un dossier solide (structuré, rentable, attrayant, emplacement de l'hôtel), et par la suite une transparence et un reporting régulier auprès des nouveaux partenaires du projet. 60 % des campagnes en ligne aboutissent ainsi à un financement.
Publié par Patrice Klug, associé In Extenso finance et transmission