Le Languedoc-Roussillon attire près de 15 millions de touristes chaque année. Le secteur touristique génère 7 milliards d'euros, compte pour 15 % du PIB régional (en 2013), un pourcentage deux fois plus élevé que le taux moyen français. Hébergement et restauration employaient 35 639 personnes en 2011, avec deux caractéristiques : une forte saisonnalité et une concentration sur le littoral. En 2009, la restauration traditionnelle était le premier employeur (27 % du total des emplois touristiques) et le bassin d'emploi de Montpellier était le plus recruteur (22 % des offres de Pôle emploi en hôtellerie-restauration). Quelle est la situation en 2015 ? Témoignages des quatre départements littoraux de la région.
Gard
Gérard Hampartzoumian, président de l'Umih 30, annonce "une tendance très positive. Une certaine reprise se dessine et les professionnels sont plutôt en avance pour embaucher". Pour faire face à la problématique du recrutement, saisonnier comme permanent, le syndicat a signé un partenariat avec Pôle emploi, en développant la formation pour des candidats 'prêts à l'emploi'. Jean-Michel Dolques a repris Le Splendid, hôtel-restaurant au Grau du Roi. L'an passé, pour sa première saison, il a rencontré de gros problèmes pour recruter des saisonniers, en raison d'un "turn-over très important". Ouvert à l'année, il a opté pour la formation. En partenariat avec la CCI, le lycée hôtelier et Vatel Nîmes, il a pris des jeunes en contrat d'apprentissage : un en salle et deux en cuisine, et n'a recruté qu'un saisonnier, dès avril.
Hérault
Pour la saison 2015, l'étude de conjoncture de la CCI de Montpellier début juin est clairement positive, grâce aux jours fériés et une bonne météo en mai. "En bord de mer, 58 % des professionnels observent une hausse de l'activité, 55 % une hausse de leur chiffre d'affaire." Leur étude, début 2015, sur les plages privées, de la Grande-Motte à Villeneuve-lès-Maguelone, montre que celles-ci emploient 210 salariés en moyenne sur l'année et frôlent les 500 en juillet et août.
Éric Sidobre propriétaire du Jungle Beach, président de l'Association des établissements de plage du Cap d'Agde, indique que les embauches commencent dès mars pour le montage, mais que le gros se fait en juillet et août, avec souvent des problèmes d'hébergement et un déficit de "bons professionnels". Pour son établissement, qui emploie 24 personnes en haute saison, il opte généralement pour des étudiants, qu'il forme.
Olivier Lefoyer, responsable d'équipe Pôle emploi à Sète, mène une action pour faire face à la pénurie de candidats en service et cuisine (1 219 projets de recrutement exprimés pour 2015) : séances d'information collectives avec des professionnels pour valoriser l'image du secteur, formation pour adultes avec le CFA de Sète, job-meeting dès mars pour rapprocher candidats présélectionnés et employeurs, et initiatives sur l'hébergement et la bi-saisonnalité.
Aude
Les Logis de l'Aude regroupent 36 établissements dans le département. Ils ont constaté une augmentation de la clientèle en 2014. Les établissements ont d'importants besoins en personnel saisonnier et qualifié, particulièrement en cuisine. En parallèle, ils forment des jeunes en contrat d'apprentissage. À mi-juin, les établissements avaient presque terminé leur recrutement. Pascal Leroy, responsable d'équipe professionnelle de Pôle emploi Castelnaudary, compte de nombreuses demandes insatisfaites en restauration, sur le littoral, mais aussi sur l'axe du canal du Midi. Il a lancé une initiative originale pour faire émerger des vocations. En mai, le concours Pôle chef, pour demandeurs d'emploi du bassin, permet une évaluation par des professionnels, avec, à la clé, offre d'emploi, formation ou stages en immersion.
Pyrénées Orientales
En juillet-août, le tourisme compte pour environ 40 % de l'emploi sur le littoral (contre 6 % en moyenne sur l'année) et représente 12 % de l'emploi du département (contre 7,7% en moyenne sur l'année), selon l'Insee. D'où d'importants besoins de main-d'oeuvre saisonnière.
Roger Pla, président de la commission tourisme à la CCI et propriétaire du Brasilia (hôtellerie de plein air), indique que l'embauche dans le département est facilitée par les très nombreux demandeurs d'emploi, avec un record de candidatures spontanées cette année. Mais il peine, pour son établissement (120 salariés dont 80 saisonniers), à recruter un chef de cuisine et un réceptionniste trilingue (anglais et allemand ou hollandais).
Sur le littoral, le Miramar, restaurant à Canet-en-Roussillon, passe de 5 salariés en basse saison à 22 actuellement. Jeremy Duez, responsable de salle, commence ses essais dès mars, pour avoir une équipe cohérente. Pour contrer la difficulté à trouver des chefs de rang stables sur la saison entière, il forme des jeunes, autodidactes, motivés, souvent étudiants.
Publié par Anne Sophie Thérond