“On leur réapprend à se lever, à marcher, à avoir des contacts sociaux et à exécuter des tâches qui nous semblent minimes mais qui sont un énorme pas pour eux”, confie Fabrice Grimaut, directeur général de l'Hôtel du parc, dans le centre-ville de Lons-le-Saunier (Jura). Ouvert en 2000, l'hôtel emploi au total une quinzaine de salariés (deux personnes en cuisine et quatre en réception et au service qui accompagnent dix personnes en réinsertion : deux au service, en cuisine à la plonge, en chambre et deux veilleurs) avec un vécu compliqué. Car cet hôtel-restaurant de 34 chambres “n'est pas un établissement traditionnel, souligne Philippe Antoine, président de l'ADLCA, une association d'insertion et lutte contre les addictions. Nous sommes avant tout là pour faire de la réinsertion. C'était la volonté du docteur Bénichou, fondateur de la structure.”
100 à 150 personnes réinsérées
Une vocation qui implique des contraintes en matière d'organisation : “Les personnes accueillies souffrent d’addiction et sont chez nous pour deux années en réinsertion avant d'intégrer le circuit traditionnel, détaille Fabrice Grimaut. Elles travaillent au ralenti et, pour une tâche, il faut trois personnes. Les postes sont donc doublés sur une année. Les professionnels que nous recrutons en parallèle sont prévenus qu'ils auront à gérer et encadrer une personne en réinsertion. Car le but n'est pas de faire à leur place mais de les faire avancer et d'être au plus près de la réalité.” Sur l'hôtel, entre 100 et 150 personnes vont jusqu'au bout du cursus et sont réinsérées.
Une gestion qui fonctionne parfaitement et se ressent sur les résultats de l'établissement : “Certains clients ne s'aperçoivent pas du fonctionnement particulier, même si des panneaux explicatifs ont été disposés dans les chambres”, analyse Philippe Antoine. Les retours clientèles sont élogieux et le taux d'occupation frise les 98 %. “On continue à refuser des réservations”, se réjouit Fabrice Grimaut, malgré une politique tarifaire similaire à celle du marché (de 76 € à 102 €). “Mais nous ne nous comparons pas aux autres, car nous restons un établissement à part.” Face à la demande, l'ADLCA a donc choisi de créer une annexe de 3 étages (2,3 M€ financés par la région, le conseil départemental et la ville de Lons) avec 15 chambres, dont 3 PMR, qui viennent s'ajouter aux 16 chambres du bâtiment originel, situé de l'autre côté de l'avenue. À celles-ci s'ajoutent un espace bien-être avec spa, jacuzzi, hammam privatisables et un rooftop.
Ouvert le 1er juillet dernier, l'hôtel affichait complet dès le lendemain. “La qualité de l'accueil joue forcément, analyse Fabrice Grimaut, car apporter un service maximum fait partie de la formation. D'autres facteurs entrent en ligne de compte : un manque de lits et d'établissements 3 étoiles sur le territoire : nous sommes deux à Lons-le-Saunier. Il y a également la volonté des clients de donner un coup de main à notre structure.”
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Publié par Myriam HENRY