Au terme d'une saison estivale clémente et fréquentée, la profession dresse un nouveau constat : celui d'un marché déréglé, au détriment de l'entreprise et de l'emploi. "Nous devons éviter le détournement de l'économie collaborative vers l'économie grise", a plaidé la semaine dernière Roland Héguy, président confédéral de l'Umih, devant Martine Pinville, secrétaire d'État chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Économie sociale et solidaire (lire page 4). Les organisations professionnelles montent sévèrement le ton contre l'industrialisation des locations meublées et des repas chez l'habitant. Elles dénoncent la concurrence déloyale et l'injustice de traitements, pointant du doigt une fiscalité qui échappe à Bercy. Aujourd'hui, l'essor est tel qu'il biaise l'activité des hôtels et des restaurants. Didier Chenet, président du GNI, estime qu'il pourrait y avoir "20 000 restaurants clandestins en France d'ici trois ans".
Qui sont les méchants ? Les plateformes qui se nourrissent sur la bête ? Les particuliers qui s'improvisent hébergeur ou cuisinier ? Tous ont saisi une opportunité. En revanche, l'entreprise qui a pignon sur rue croule sous le poids de réglementations bien éloignées du quotidien. Le Gouvernement va devoir concilier le mode compétitif imposé aux entreprises avec l'esprit collaboratif réclamé par les nouvelles générations, et trouver le bon arsenal législatif. Mais pour cela, les penseurs, bureaucrates et autres producteurs de textes vont devoir s'encanailler sur le terrain, aller battre le pavé, à la rencontre des réalités du secteur tertiaire. Ce qui n'est pas gagné.
Publié par Sylvie SOUBES