Grâce à une communication maîtrisée, les semaines précédant la sortie du fameux guide n'ont d'ailleurs pas donné lieu aux sempiternels pronostics de ceux qui, tout en critiquant systématiquement les choix du Michelin, laissaient lourdement entendre qu'ils étaient dans la confidence.
Finalement, en choisissant une évolution sans faire l'improbable révolution qui n'aurait aucun sens, les inspecteurs les plus jalousés de la planète culinaire ont récompensé à la fois la créativité et la prise de risque dans un pays marqué par le poids des traditions culinaires, tout en rendant hommage à la persévérance et à la régularité dans l'exercice d'un métier ô combien difficile.
Alors, bien sûr, il y a toutes celles et tous ceux qui s'y voyaient déjà, encensés parfois hâtivement par quelques 'tendanceurs' (attention, ce n'est pas encore un métier) prompts à s'esbaudir devant un camion où le génie de demain sert des hamburgers au foie gras sur les trottoirs du boboland parisien.
Et la déception n'a d'égale que celle du candidat à l'ENA qui envisageait suavement de faire carrière (brillamment, bien sûr) au Conseil d'État ou à l'inspection des finances et qui doit soudainement revoir à la baisse ses nobles ambitions en assumant sa position de recalé.
Mais rassurez-vous, de même que le monde n'est pas forcément aux mains des technocrates de Bercy ou du Palais-Royal, de même tous les restaurateurs qui n'ont pas encore l'étoile ont un bel avenir devant eux, même s'ils n'obtiennent jamais la faveur du Michelin. Un seul chiffre pour tous les déçus de la promo 2014 du guide rouge : il y a 610 étoilés dans l'édition France pour quelques 4 384 restaurants. Et plusieurs dizaines de milliers d'autres qui ne sont pas dans un guide, ce qui ne signifie pas qu'ils n'ont aucune chance de succès. Et puis, on ne sait jamais : l'année prochaine, peut-être.
Publié par L. H.