L'observateur le mieux intentionné ne pourra que s'étonner d'une décision prise manifestement à l'emporte-pièce sans concertation ni étude d'impact, et totalement contradictoire avec les objectifs officiels de développement de l'apprentissage et de lutte renforcée contre le chômage des jeunes.
Mauvais signal car cette annonce est le reflet d'une idéologie sous-jacente profondément ancrée dans les mentalités, notamment du côté de l'Éducation nationale, où il n'est d'enseignement noble que général et abstrait. Les filières qualifiées au mieux de 'professionnelles' ou de 'techniques', mais encore bien souvent de 'manuelles' avec un brin de condescendance, étant considérées comme le parent pauvre de la formation.
Et cette conviction s'est manifestement développée du côté des responsables économiques de la Nation, puisque dans le même temps, Bercy affiche la volonté d'accélérer le développement des fameux emplois d'avenir, qui n'ont d'avenir que leur nom.
Or, la prime à l'apprentissage s'élève à 1 000 € par an et par apprenti, alors que le coût pour les finances publiques d'un emploi d'avenir s'élève à… 7 000 € par an. Comme il n'est pas nécessaire d'être atteint de pessimisme congénital pour constater que ces formules ont pour objectif essentiel d'améliorer des statistiques de l'emploi particulièrement désastreuses - mais certainement pas d'assurer un plan de carrière aux bénéficiaires -, il faut s'interroger sur la cohérence des décisions gouvernementales dont l'enjeu est vital pour l'avenir du pays.
Peut-être serait-il instructif pour nos décideurs d'observer ce qui passe au-delà de nos frontières, sans aller chercher plus loin qu'outre-Rhin, où les firmes industrielles les plus prestigieuses, celles dont la production automobile fait rêver les amateurs de 'belles allemandes', offrent bien souvent des fonctions prestigieuses de direction à des éléments issus de l'enseignement technique. Pas forcément des spécialistes du droit administratif…
Publié par L. H.