Dominique Duperray le proviseur du lycée Louis Martin-Bret fait le point après une semaine de confinement généralisé. « Le mouvement permanent et, pensait-on, inexorable d’une France en marche s’est arrêté sous les coups de boutoir d’un virus insidieux. Notre lycée également.
Les couloirs ne résonnent plus que de l’absence des élèves. La salle des professeurs, réacteur bourdonnant du système, n’est plus qu’un désert où trainent, abandonnées, quelques photocopies. Et moi, ce lundi matin, en marchant vers la salle de réunion, je lutte contre un sentiment d’angoisse et tente de me concentrer sur les priorités de cette situation unique.
Tout d’abord je dois faire preuve d’une attention particulière à chaque équipe du lycée : personnels d’entretien, de Vie Scolaire, enseignants, membres de l’équipe de direction. Pour cela il me faut impérativement organiser le travail en les mettant en sécurité face à ce virus générateur de toutes les peurs. Ensuite, il nous faudra collectivement prévoir, anticiper, inventer de nouvelles communications afin d’assurer le lien pédagogique réconfortant et indispensable entre les professeurs et leurs élèves.
Lors des différentes rencontres et des décisions prises nous permettant de plonger vers un espace pédagogique nouveau, j’ai eu le sentiment de vivre un moment de solidarité exceptionnelle. Toutes, tous avaient mesuré l’importance de l’instant et chacun s’est élevé au-dessus des contingences habituelles. Ensemble, unis, nous avons été forts.
Nous étions en ordre de bataille, prêts à accompagner et suivre nos élèves.
Aujourd’hui, une semaine s’est écoulée. Où en sommes-nous ? Pouvons-nous déjà tirer quelques leçons de cette période ?
Je ne m’attarderai pas sur l’ensemble des problèmes techniques rencontrés. Ils ne sont pas étonnants car aucun système informatique n’avait été dimensionné pour cette situation. Mais, ce que je retiendrai, c’est que ces bugs, ces lenteurs de connexion n’ont pas découragé les équipes pédagogiques. Au contraire, elles ont fait preuve d’adaptation et d’imagination : l’ENT du lycée bloqué, on passe par l’ENT région sinon on circule par les boîtes mail voire par le site du lycée ou encore par des sites gratuits de communication (Google Drive, WhatsApp, sms, Instagram, Facebook). Toujours une même volonté : rester au contact de ses élèves. Un concours photo a même était mis en place sur les réseaux pour qu’élèves et personnels puissent montrer leur environnement de travail.
La volonté d’être à la hauteur tient bon. Bien évidemment et surtout si ce confinement s’étalait sur plusieurs semaines, il nous faudrait encore nous adapter et tester de nouveaux outils (learningapps, educaplay, quizup, Kahoot, Socrative, etc..) : meilleure coordination au sein des classes afin de mieux lisser le travail hebdomadaire, organisation d’audio ou vidéo conférences… et d’autres encore… Je pense que nous y arriverons.
Tirer des leçons au bout d’à peine cinq jours s’avère périlleux. Mais il me semble que deux évidences s’imposent.
Tout d’abord cette période où chaque professeur se démène pour que ses élèves travaillent reconstruit le lien de confiance indispensable entre les enseignants et les lycéens. Les premiers démontrent tout l’intérêt qu’ils ont pour la réussite des seconds. Dans le courant d’une année classique cette évidence peut se perdre… En ce moment elle est flagrante.
Ensuite, nous voyons que le numérique peut être un outil didactique important voire indispensable. Mais que nous écrivent les lycéens ? « Quand est-ce que l’on se retrouve ? » « En classe c’est plus facile ! » « Je ne comprends pas ce que l’on me demande… » Nous voyons bien que le rapport humain est un élément incontournable de la qualité de l’apprentissage. Tous les SFAD, les MOOC et consorts ne seront jamais aussi efficaces que des séances en présentiel où l’enseignant peut « sentir » sa classe et remédier si besoin. Aujourd’hui, les lycéens professionnels plébiscitent la classe… les mêmes qui détiennent les records nationaux d’absentéisme… Enfin une prise de conscience ?
Vivement que la cour du lycée bruisse des rires et des mouvements des élèves, que la salle des professeurs crépite des claviers et des photocopies mais, surtout, de savoir que plus personne n’est en danger ».
Témoignage d’une étudiante :
Vanessa Doury (1 B CSR) « Rester confiner chez soi est assez perturbant car ce n’est pas facile de ne pas sortir, voir ses collègues, puis se défouler.
Le lien de travail ave le lycée est assez compliqué car ne pas travailler en classe avec les professeurs et les élèves, cela fait bizarre mais je pense que travailler à la maison n’est pas si mal en fin de compte car comme ça on peut réviser le plus de choses possibles sans s’arrêter ».
Covid19 #LyceeMartinBret# #Confinement# #ContinuitePédagogique#