Et pourquoi pas en Colombie ? Bien que ce soit un pays qui connaisse une grande abondance et variété d'aliments, la gastronomie colombienne n'occupe pas la même place que la cuisine française. La cuisine colombienne est simple, très traditionnelle, de terroir et formée par l'influence des différentes cultures qui sont arrivées en Amérique pendant l'époque de sa découverte et durant les siècles qui ont suivi : les Amérindiens, les Espagnols, les Africains venus comme esclaves pour exploiter les mines et postérieurement, mais en moindre proportion, l'arrivée des Anglais et Français avec leur cuisine raffinée. Les habitudes alimentaires ont été fortement centrées sur la consommation du maïs, des haricots, des tomates, des tubercules comme la pomme de terre, du chocolat et du gibier. Au XVIe siècle, la découverte de ces nouveaux produits a provoqué une révolution gastronomique sur le Vieux Continent. Le cassoulet, tel que vous le connaissez aujourd'hui, est apparu à cette époque-là.
Nous avons également bénéficié des échanges de marchandises avec les Européens, tel est le cas, par exemple, du café. Il est arrivé selon les historiens avec les Jésuites au XVIIIe siècle et son expansion est souvent attribuée à un prêtre colombien qui imposait aux pêcheurs de planter un caféier comme pénitence suite à leurs confessions. Un événement curieux, fruit de la contre-réforme de l'église catholique du XVIe siècle. De fait, la religion a une grande influence dans les habitudes alimentaires de la plupart des Colombiens, majoritairement chrétiens : notre système alimentaire tient à respecter les différentes fêtes catholiques et périodes de l'année liturgique, par exemple, la consommation du dindon à Noël, le poisson durant la semaine sainte, etc. À présent, le café est l'un des moteurs de l'agriculture colombienne, avec la banane et la canne à sucre.
La gastronomie colombienne avance peu à peu et elle commence à être reconnue grâce aux travaux des principaux chefs cuisiniers du pays, tout en essayant de respecter nos traditions et nos valeurs. On commence déjà par mettre en avant des restaurants traditionnels qui font de la concurrence aux grandes chaînes de restauration rapide : dans les centres commerciaux, les food courts, on trouve désormais de la variété et de l'engagement pour préserver notre cuisine. Ainsi, nous pourrons facilement trouver un restaurant dans la capitale qui propose à son menu des plats typiques comme le délicieux Ajiaco, une soupe à base d'un assortiment de pommes de terre, de maïs, de poulet et de guascas (une plante utilisée comme condiment dont les feuilles sont comestibles), garnie de câpres et de crème liquide et accompagnée de riz blanc et d'avocat : une véritable rencontre de saveurs parfaitement harmonisées. J'accorderais ce mets avec un bon vin blanc de cépage chardonnay.
On commence aussi à trouver des restaurants gastronomiques qui travaillent les produits locaux avec les techniques modernes. Criterion, l'un des meilleurs restaurants du pays, propose une cuisine associant les matières premières colombiennes et les techniques et produits français : l'un de ses plats le plus réputé est le Magret de canard importé, sauce au tamarin et à la panela (résultat de la cuisson de la canne à sucre à haute température, connu aussi comme le pain de vesou). Enfin, les échanges entre la France et la Colombie ne peuvent que tirer le meilleur de chaque pays.
Pour l'instant, je voudrais rester en France afin d'apprendre autant que je peux et ainsi pouvoir contribuer un jour au développement de l'hôtellerie et de la restauration en Colombie, tout en partageant ma perception des deux pays avec les personnes que je rencontre tous les jours et en contribuant à ce que la flamme de la fraternité ne s'éteigne jamais.
Publié par Ivan Cordoba, 2e année de BTS option B au lycée hôtelier de Guyancourt