Devenir hôtelier, ce n'était pas une vocation initiale pour Pascal Lebailly. Pendant vingt ans, cet ancien cadre supérieur a mené une carrière d'organisateur de salons à Paris, avec un beau salaire et un emploi du temps évidemment surchargé. Du salon du prêt-à-porter à celui de la lingerie en passant par le salon de l’optique, il orchestrait ces grands-messes commerciales avec toujours le même rythme soutenu et la même passion. Avec tout de même quelques vacances, dont un séjour qui l'a conduit il y a une quinzaine d’années au Salvador… et un coup de foudre pour Suchitoto, petite ville coloniale parfaitement préservée au cœur du pays.
“Vivre ici, c'est comme faire un saut dans un XIXe siècle au style colonial tropical, avec ses rues pavées et ses bâtiments à un seul étage, s'enthousiasme Pascal Lebaill. Je suis tombé amoureux de cette ville, des gens, de la manière dont ils vivent, et comme j'avais envie de changer de vie, j'ai acheté une vieille maison, et j'en ai fait un hôtel.” Ainsi commence l'aventure, en 2003. Il ne faudra pas ensuite plus de trois mois pour expédier les affaires courantes à Paris et s’installer avec son compagnon, Joaquín Rodezno (ex-ambassadeur du Salvador en Europe), dans sa nouvelle demeure, une maison au cachet colonial construite en 1805, et dont le bâtiment est classé par le ministère de la Culture. “Nous avons tout de suite entamé les travaux sans trop de tracasserie administrative, car le Salvador est un pays où il est facile d'investir, mais avec évidemment les contraintes architecturales.” Il en coûtera un million de dollars (environ 900 000 €) et dix-sept mois de travaux : “Je trouvais que c'était un peu long, mais il paraît que c'est un exploit de restaurer une maison de 1 200 m² en si peu de temps”, sourit aujourd'hui Pascal Lebailly.
Déracinement et enracinement
L'Hôtel Los Almendros de San Lorenzo est inauguré en mars 2005, au centre de Suchitoto, à une centaine de mètres de la place centrale ombragée, où trône la superbe église coloniale aux murs immaculés. L'hôtel de charme propose une douzaine de chambres autour du patio et de la piscine, avec un restaurant signé par le Français Hervé Laurent, qui dirige une école de cuisine à San Salvador (la capitale est à cinquante de minutes de Suchitoto). “Le chef nous a accompagné pendant six mois pour créer la carte, y donner véritablement sa signature gastronomique et cette touche française si appréciée par notre clientèle locale comme internationale.”
L'hôtel dispose par ailleurs d'une villa privée en annexe, au bord du très beau lac de Suchitlan, pour des séjours romantiques encore plus exclusifs. Un cadre idéal pour changer de vie et de métier en somme, même si la transition n'a pas été aussi tranquille que les eaux du Suchitlan : “Le plus dur a été de changer le 'disque dur mental', confesse Pascal Lebailly, parce que quand on est cadre à Paris pendant vingt ans avec un salaire très confortable et qu'on se retrouve à plus de huit milles kilomètres dans cet environnement pour le moins dépaysant, c'est un vrai déracinement.”
Au pays de l'indigo (spécialité de Suchitoto), Pascal Lebailly n'a cependant pas tardé à reprendre racine. Et avec succès : le nouvel hôtelier a même été couronné du Prix national du tourisme par le gouvernement salvadorien, avec ce mot du ministre du Tourisme qui en dit long : “Pascal Lebailly a su promouvoir Suchitoto au niveau national et international en créant un hôtel d'exception, et en associant en même temps les arts et la culture au tourisme, pour encourager la paix dans la région.” Un hommage exceptionnel qui justifie la présence du propriétaire de Los Almendros de San Lorenzo dans les foires internationales de promotion touristique du Salvador. Et pour couronner cet enracinement réussi, l'hôtelier vient d'obtenir la nationalité salvadorienne.
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Publié par Francis MATÉO