Quatre chefs embauchés à plein temps en CDI
Cinq ans plus tard, l'aventure continue. "Toujours avec la complicité de Joyce Lévi, diplômée de l'École supérieure de cuisine française et qui a consolidé ses compétences aux côtés de chefs étoilés, tels que Joël Robuchon, Jean-François Rouquette et Franck Charpentier", précise Emmanuel Cotsoyannis. Fini le bricolage et le bureau entre le frigo et la sono : la "première marque de chefs à domicile" a désormais son siège dans le Ier arrondissement de la capitale. Elle dispose d'un laboratoire de cuisine de 120 m2, "calqué sur celui d'un restaurant gastronomique". Un tiers de ses clients sont des fidèles et quatre chefs ont été embauchés à temps plein en CDI. "Nous sollicitons aussi, en extra, une dizaine de chefs, tous en poste dans des restaurants tels que ceux du Meurice, du Bristol ou encore chez Alain Passard", ajoute Emmanuel Cotsoyannis. Preuve que les affaires marchent, et pas seulement au domicile des particuliers : "Depuis un an, nous avons développé nos prestations en direction des entreprises et, cette année, nous comptons ouvrir une filiale à Bordeaux."
"Les hommes d'affaires sont nos clients les plus fidèles"
Parmi les cibles les plus convoitées par les chefs à domicile, les entreprises, les grands patrons, les politiques et les stars du show business. "Les hommes d'affaires sont nos clients les plus fidèles", confie Sonia Crène, fondatrice de la société Chefs & Talents, qui organise dîners à domicile et placements de chefs chez des particuliers. Benoît Chavanne acquiesce. Cet ancien prof de philosophie, passionné par les accords entre mets et vins a créé la société Hubris en janvier 2005. Au départ, il recevait chez lui, dans sa maison à deux pas des Buttes-Chaumont, à Paris. Aujourd'hui, il mise beaucoup sur l'événementiel en entreprises : "Cela se développe bien", a-t-il pu constater.
La concurrence est rude, donc. Car les émissions de cuisine à la télévision ont suscité des vocations et dopé le marché de la gastronomie à la maison. "Ces shows télévisés ont créé une nouvelle dynamique et c'est plutôt une bonne chose, note Benoît Chavanne. Ces émissions ont remis au goût du jour le plaisir de faire et de partager." Il faut alors innover, faire preuve d'imagination et sortir des sentiers battus. Ainsi Emmanuel Cotsoyannis mise-t-il sur "la présence d'un sommelier, un conseil en arts de la table, une décoration florale sur mesure ou encore le savoir-faire d'un maître d'hôtel". Sonia Crène, pour sa part, privilégie "la cuisine d'auteurs" : "chez nous, rien n'est formaté. Chaque chef propose ses propres menus, selon ses envies, ses humeurs et, bien sûr, selon le marché du jour." PLus audacieux encore, elle démocratise la gastronomie avec sa Cocotte du chef (voir encadré). Quant à Benoît Chavanne, il convie à découvrir des sélections pointues de vins autour de dégustations de plats concoctés par ses soins. Le tout dans des lieux insolites, tels qu'une suite de palace, une terrasse avec vue, un château, une cave, des vignes…
Le positionnement fait donc la différence d'un concept de chef à domicile à un autre. Il fait aussi sa réussite. Après Bordeaux, Emmanuel Cotsoyannis projette de développer les Dîners d'Eloïse à Lille, "à cause de la proximité avec Bruxelles et Londres". Côté chiffre d'affaires, le sien a explosé, passant de 100 000 € en 2008 à 600 000 € en 2011. Si bien que le jeune chef d'entreprise vise le million d'euros pour 2012 et embauche à tour de bras : "tous les chefs de talent sont les bienvenus chez nous."
Publié par Anne EVEILLARD