Depuis 150 ans, dans le petit village de Bonne, en Haute-Savoie, le café des Voirons est une institution. Repris il y a dix-sept ans par Laurence Ballarin (dite Lolotte), il accueille les travailleurs du coin et les habitués qui viennent manger de bons petits plats réputés bons et pas chers. Mais, la mise en conformité aux normes d'accessibilité pourrait bien menacer la survie de l'établissement. "C'est un vrai casse-tête, explique Laurence Ballarin. Les toilettes sont au premier étage. Il faudrait les descendre au rez-de-chaussée. Mais, au rez-de-chaussée, il y a la cuisine, qu'il faudrait alors descendre au sous-sol. Mais, si on déplace la cuisine à la cave, on ne respectera plus les normes de sécurité et d'évacuation. Pour le système de ventilation de la cuisine, je devrais mettre en place une nouvelle extraction sur le toit, en espérant qu'il supporte le poids. Le bruit de l'installation dépasserait alors les 75 décibel, et je ne serais plus en conformité par rapport aux voisins." Tous ces travaux coûteraient au moins 220 000 €, un poids financier insupportable. "C'est un jeu de dominos, une réaction en chaîne", se lamente la propriétaire.
Mise en conformité impossible
Pourtant, Laurence Ballarin n'est pas réfractaire aux normes. Elle a déjà créé deux autres établissements neufs et s'est toujours pliée aux réglementations. À Bonne, elle a d'ailleurs déjà réalisé la mise aux normes sanitaires et de sécurité. "Devant l'impossibilité de me mettre en conformité, j'ai écrit à la mairie pour savoir comment obtenir une dérogation. Ils ne m'ont pas répondu car ils ne pensaient pas que les normes s'appliqueraient si vite. Puis, j'ai écrit à la préfecture, qui ne m'a pas répondu non plus. Alors j'ai perdu patience." Le 19 mars, 'Lolotte' s'est mise en grève. Les habitués se sont mobilisés. Pétition, médiatisation, réseaux sociaux, tout a été mis en oeuvre. "Bien sûr, je peux demander une dérogation, qui sera peut être acceptée, mais cela demande de créer un dossier avec un architecte, un bureau d'études. Tout cela a un coût et de toute façon, c'est trop tard." Laurence Ballarin, qui ne peut travailler dans l'illégalité, risque de fermer l'établissement, qui compte trois salariés. "On nous taxe à outrance, on nous parle d'emploi... c'est un non sens complet", s'emporte la propriétaire.
Les soutiens affluent de toute la France, de restaurateurs et de commerçants confrontés au même problème. "Ce qui me fait chaud au coeur, ce sont mes salariés, Christèle, Christophe et Marie, qui me soutiennent et alimentent Facebook. De partout on me dit : "Ne lâchez pas, ne fermez pas par dépit." Il faut se battre, je veux le crier haut et fort."
Publié par Fleur Tari
lundi 27 avril 2015
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mercredi 29 avril 2015
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