Benoit Vidal se disait lui-même “touché mais pas coulé” et il vient de le prouver. Contraint de quitter Val d’Isère où il avait constitué pendant douze ans, une belle clientèle et obtenu ses deux étoiles, le chef a repris le chemin des fourneaux. Daniel Baratier, ancien chef étoilé du Sergent Recruteur Paris et propriétaire de L’Auberge sur les bois à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie) l’a contacté. “Je voulais partir sur un nouveau projet et cherchais à vendre”, explique ce dernier. “Dès que la nouvelle s’est répandue, j’ai été harcelé de demandes. Je suis content de faire affaire avec Benoit. On s’entend bien, on a eu une discussion simple et honnête.” Même son de cloche pour Benoit Vidal. “Ça a tout de suite collé, j’ai eu un coup de cœur pour l’homme et l’établissement. Nous avons la même philosophie et il y a de très nombreuses similitudes dans nos maisons. Je rachète le fonds et les murs dans la foulée, sous trois ans.”
À une demi-heure de Genève, dans une ville déjà largement pourvue d’étoilés, Benoit Vidal trouve sa place. En novembre, il ouvrira un restaurant gastronomique (avec menu du marché le midi à 60 €) et un bistrot de 25 couverts (moins de 35 €) en semaine sur le modèle de ce qu’il faisait à Val-d’Isère. Au printemps prochain, deux nouvelles terrasses complèteront l’offre. La transmission se fait en douceur. Un dîner à quatre mains avec Daniel Baratier est déjà programmé les 29 et 30 septembre prochains. Ce dernier restera une semaine avec Benoit Vidal. “Je veux lui donner les clefs de la cuisine, du bâtiment, lui présenter quelques producteurs triés sur le volet. Je lui donne un coup de main, pour lui faciliter les débuts. Notre métier, c’est aussi une aventure humaine.”
“J'ai des idées plein la tête”
Très enthousiaste, le chef prépare déjà la carte. “À Val d’Isère, la saison est courte, la nature hostile. Ici, je retrouve les quatre saisons, je pourrai utiliser des plantes fraîches, des légumes qui pousseront juste à côté. C’est une belle stimulation et j’ai des idées plein la tête. Mes anciens clients m’ont assuré qu’ils viendraient me voir. Mon équipe a pour la plupart proposé de me suivre. Ça m’a beaucoup touché. Finalement, ce qui m’est arrivé, c’est un mal pour un bien. Pour moi, Val d’Isère n’est pas la fin du livre, c’est la fin d’un chapitre. Et je compte bien en écrire de nouveaux.”
Bien entendu, en fermant à Val d’Isère, Benoit Vidal a dû renoncer aux étoiles. “Je respecte énormément le guide Michelin, c’est une institution incontournable. Ils ont été très compréhensifs et à l’écoute. J’arrive avec beaucoup d’humilité et de sérénité. Je veux m’enraciner ici et profiter de mes enfants”, explique Benoit Vidal. “Il faut être libre à 100 % pour exprimer sa singularité culinaire.”En novembre, il posera enfin l’enseigne de la Maison Benoit Vidal. “C’est par les blessures que se crée la lumière. J’ai pu prendre conscience de ce que je ne voulais plus.” Une nouvelle vie commence.
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Publié par Fleur Tari