Apprenties en cuisine : il faut tenir ou partir

Femmes en cuisine (1/4)  Elles sont jeunes, encore adolescentes, et elles se retrouvent propulsées en cuisine le temps d'un stage ou d'une alternance. Une véritable épreuve pour certaines d'entre elles en raison de ce qu'elles voient, entendent ou subissent.

Publié le 13 janvier 2020 à 11:23

 

Les profs nous avaient dit que ce ne serait pas facile.” Étudiante en licence professionnelle métiers des arts culinaires et des arts de la table (LP Macat), à l’université d’Angers (Maine-et-Loire), Orlane Colomina se souvient de son premier stage en classe de seconde, au lycée Jacques-Cœur à Bourges (Cher): “J’avais 15 ans. J’étais en cuisine dans un restaurant, en Savoie. Loin de chez moi. D’emblée, le second m’a dit qu’il ne voulait pas de filles aux fourneaux. Il a donc tout fait pour me dégoûter. Dès le deuxième jour, il m’a demandé de venir à 8 heures - alors que l’autre stagiaire, un garçon, n’arrivait qu’à 9 heures – et j’ai dû vider 3 kilos de poissons.”

Elle a ensuite été cantonnée à l’épluchage et la plonge pendant deux semaines : “Je me suis accrochée, parce que j’ai toujours aimé la cuisine. Mais je reconnais que, dès le premier soir, je voulais repartir… ” Des anecdotes de ce type, elle en a d’autres en stock, vécus au fil de ses stages et autres extras. Elle parle notamment d’un commis qui la fouettait “avec des torchons”. Elle a même refusé d’aller en cuisine dans un restaurant en Angleterre, où elle effectuait son stage de BTS, “à cause d’un second qui avait les mains baladeuses : c’est une autre stagiaire qui m’avait mise en garde.

 

Des vestiaires mixtes

 Gaëlle Blain, dans la même licence pro à Angers, évoque elle aussi l’un de ses stages : “J’avais 16 ans. J’étais en première à Notre-Dame du Roc, à La Roche-sur-Yon [Vendée, NDLR]. J’étais dans un restaurant où l’une des salariées en cuisine était victime d’attouchements, de harcèlement… Je la retrouvais en pleurs dans les vestiaires.” Les vestiaires justement, peu de jeunes filles les utilisent. Et pour cause : “Dans la plupart des cas, on les partage avec les hommes”, constate Orlane Colomina. En particulier dans les petites structures, faute de place. Alors, où se changent-elles ? “Dans les toilettes ou dans la bagagerie”, pour Gaëlle Blain.  “J’arrivais déjà habillée pour travailler”, confie pour sa part Orlane Colomina. Les deux étudiantes sont unanimes : “Il faut raconter tout ça aux élèves des lycées hôteliers. Il faut les prévenir.”

Reste que toutes les jeunes filles n’osent pas rompre le silence. À l’instar de cette étudiante, récemment diplômée, prête à entrer sur le marché du travail et qui a souhaité garder l’anonymat : “Si je témoigne à visage découvert, je risque d’être grillée, cataloguée. Personne ne voudra plus m’embaucher. Parce que l’univers de la restauration, c’est tout petit. Tout le monde se connaît.

 

“J’étais jeune et surtout j’étais une fille”

Elle en a gros sur le cœur avec cette alternance dans la brigade d’une maison étoilée, qu’elle a dû abandonner en cours de route, “tellement ça se passait mal” : “Personne ne m’adressait la parole, sauf pour me donner des ordres ou me réprimander. Je ne faisais jamais assez bien…” Quand on lui demande comment elle explique cela, sa réponse est immédiate : “J’étais jeune et surtout j’étais une fille. ”

Depuis, elle a décroché un master, “pour accéder plus facilement à des postes de management”. Quant à Orlane Colomina et Gaëlle Blain, elles font partie d’un groupe d’étudiantes de l’université d’Angers à l’origine d’une cagnotte sur Leetchi, destinée à récolter des fonds. Ces derniers se destinent à l'association Les Roses de l'Espoir, qui vient en aide aux femmes victimes de violences.

femmes en cuisine violence apprenti #temoignages#


Photo

Publié par Anne EVEILLARD



Commentaires
Photo

En cliquant sur publier vous acceptez les [conditions générales d'utilisation]

Voir notre Politique des données personnelles




Vidéos-Podcasts


Newsletter

Ne Ratez plus l'actualité , abonnez-vous à la newsletter quotidienne !


Dernières offres d'emploi

Second de cuisine (Sous-chef de cuisine) H/F

74 - TALLOIRES MONTMIN

Le Cottage Bise (membre de Teritoria) est un établissement familial 4* avec un hôtel de 36 chambres, un restaurant, un spa et un service évènementiel situé à Talloires au bord du lac d'Annecy. Nous recherchons nos nouveaux collaborateurs (h/f) pour compléter notre équipe pour la saison d'été 20

Posté le 22 février 2025

Serveur H/F

75 - PARIS 05

Recherche serveur ou serveuse. Expérience dans la brasserie obligatoire et savoir parler anglais. Deux jours de repos consécutifs à définir. Horaires 12h/23h ou 15h/23h. Pourboires individuels. 12€/net heure. Merci de vous présenter directement au café situé 2 rue dante 75005 Paris.

Posté le 22 février 2025

Commis de cuisine H/F

33 - ST EMILION

Nous recherchons un ou une Commis de Cuisine (H/F) pour notre Restaurant Gastronomique 2 étoiles Michelin à Saint-Émilion ________________________________________ Présentation de l'établissement : ' La Table de Pavie-Yannick Alléno ' est un restaurant gastronomique étoilé Michelin situé à Saint

Modifié le 22 février 2025