Villa Aultia : le rêve avorté des frères Morgillo

Ault (80) Empêtrés depuis trois ans dans un imbroglio financier, Jean- François-Emmanuel et Nicolas-Salvatore Morgillo ne parviennent pas à ouvrir l'établissement haut de gamme qu'ils imaginaient en baie de Somme. Récit d'un naufrage, en attendant un hypothétique sauvetage.

Publié le 12 janvier 2012 à 12:05
Ils rêvaient de la mer. Et de créer leur propre affaire. Ils y ont investi leur fortune personnelle et leur énergie. Aujourd'hui acculés par les créanciers et vivant du RSA, ils refusent de lâcher la Villa Aultia, l'hôtel resort pour lequel ils se battent depuis trois ans.

À 40 et 43 ans, Jean-François-Emmanuel et Nicolas-Salvatore Morgillo ne sont pas des débutants dans l'hôtellerie. Leurs parents ont tenu pendant quarante et un ans le Relais de poste Saint-Jacques, à Dangeau (28) et leur ont transmis leur passion : Jean-François-Emmanuel a été directeur commercial au Crowne Plaza de Toulouse, puis directeur des ventes du Groupe Residhotel jusqu'en 2009 et Nicolas-Salvatore dirigeait une résidence de tourisme sur le golf de Beaunes.

C'est à la faveur d'une petite annonce immobilière que les deux frères débarquent à Ault, au sud de la baie de Somme. Ils ont le coup de coeur pour un ancien hôtel deux étoiles, dans une charmante commune posée sur d'impressionnantes falaises de craie - celles qui ont inspiré à Victor Hugo son roman Les Travailleurs de la mer. Le littoral se classe 10e région la plus visitée de France, 17e en termes d'hébergement. La présence de grandes entreprises dans le secteur les conforte dans leur projet d'ouvrir un établissement de luxe, intégrant une restauration haut de gamme et un espace fitness et spa. Leur banque n'y trouve rien à redire et valide leur acquisition.

Chantier suspendu
Mais à la remise des clés, en février 2009, première déconvenue : l'établissement présente des vices cachés. Il faut revoir à la hausse l'enveloppe prévue pour la rénovation (1 M€ pour un prix d'acquisition de 350 000 €). Une rallonge de 30 % est demandée au Crédit agricole Seine-Normandie, qui finance l'opération et Oséo est sollicité pour contre-garantir à hauteur de 50 % ce prêt supplémentaire. Le projet s'est vu accorder des subventions du Département, de la Région et du Feder (fonds européen) à hauteur de 186 000 €, qui seront débloquées à l'ouverture de l'établissement. Les frères Morgillo croient donc que le jeu des écritures financières permettra de faire face.

Mais alors que les travaux ont commencé, la banque refuse le paiement des chèques en juillet 2009. Crise de confiance ? Conséquence de la crise bancaire liée au contexte économique international ? L'organisme bancaire, maintes fois sollicité par les intéressés, se retranche derrière ses chiffres. Dernier coup du sort : la garantie Oséo est rendue caduque par une erreur administrative.

Fin septembre 2010, le chantier est suspendu. Une demande de médiation de crédit est déposée tandis que la banque assigne les deux frères devant le tribunal de commerce.

Des investisseurs privés ?

Depuis, les choses n'ont guère avancé. Si d'impressionnants lustres à pampilles ont été accrochés au plafond de la salle de réception, le projet est au point mort. Et les propriétaires campent dans les deux seules chambres achevées… "Nous sommes convaincus de notre bon droit et du potentiel de notre établissement", martèle Jean-François-Emmanuel Morgillo qui frappe à toutes les portes, y compris celle du chef de cabinet du palais de la présidence de la République. Lui-même président de l'office du tourisme d'Ault depuis mars 2010, il compte avec le soutien du syndicat mixte baie de Somme, tandis qu'une aide exceptionnelle de la région Picardie a été votée et une nouvelle contre garantie Oséo accordée. Mais tout est suspendu au déblocage des fonds par la banque…
Résolus à trouver des investisseurs privés pour reprendre l'endettement des murs et amener les 150 000 € qui permettraient de rétablir la confiance des créanciers, les frères Morgillo essaient à présent d'alerter les médias. Ils ont ainsi organisé une conférence de presse, où ils n'ont pu que rappeler qu'ils n'avaient actuellement aucune assurance de pouvoir sortir prochainement la tête hors de l'eau.

Publié par Marie-Laure Fréchet



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