Originaire de Riom, diplômé de l'institut des Métiers de Clermont-Ferrand après un apprentissage à la Belle Meunière de Royat (63), Vincent Attou a suivi le parcours classique pour embrasser une carrière de chef de cuisine. En 2014, après avoir muri un projet original de brasserie et un plan de financement précis, il trouve à Lempdes, une commune voisine de Clermont-Ferrand, un emplacement à fort potentiel dans une zone commerciale en développement où se côtoient commerces et bureaux.
Accessible en voiture par une route départementale passante, non loin de l'aéroport de Clermont et de la quatre-voies, le local est visible de la route et doté d'un parking. Il est intégré dans un grand bâtiment de 2 000 m2 de type hangar. Son propriétaire, qu'il connaît par relations, utilise une partie de l'espace pour son entreprise de bâchage et loue des parcelles à d'autres commerçants (plombier, salle de fitness). "La surface de la mienne est de 220 m2, avec 5 mètres de hauteur sous plafond, ce qui permet de créer une mezzanine et d'augmenter la surface exploitable de 100 m2. J'ai eu la chance de ne pas avoir à payer de pas-de-porte, ni de caution, et d'obtenir un loyer très raisonnable pour la région", explique l'entrepreneur qui s'est assuré au cours de la négociation que le coût des travaux de mise aux normes et d'accessibilité seraient bien à la charge du bailleur.
Plan de financement ajusté
Vincent Attou table d'abord sur un budget de 210 000 € et 20 % d'apport. Mais son plan de financement est retoqué par toutes les banques qu'il approche de sa propre initiative. Frustré mais pas découragé, il s'adresse alors à un courtier en financement bancaire sur la recommandation d'un brasseur de son entourage. "Avec l'aide de Credipro Clermont-Ferrand, j'ai ajusté mon plan de financement à la baisse et augmenté ma part d'apport. Grâce à son expertise, j'ai obtenu le soutien de la Banque Populaire", confie-t-il. Une seule banque lui fait confiance. La seule dont le conseiller prend la peine de se déplacer à l'adresse du local.
"Très peu de banquiers se déplacent pour prendre la mesure de l'emplacement, de son environnement et de son adéquation par rapport au projet. C'est regrettable dans la mesure où l'emplacement est l'un des éléments clés contribuant à la réussite d'un restaurant", explique Jérôme Pouce, directeur de CrediPro Clermond-Ferrand. Mais l'emplacement ne fait pas tout. J'aime à dire que l'humain fait 50 % de la réussite d'un projet et le cas de Vincent Attou en est le parfait exemple. Son profil de professionnel expérimenté, déterminé, qui a muri son projet au fil des années, qui maîtrise les coûts de revient des produits, qui a su construire un réseau de fournisseurs de qualité, tout en ayant développé une relation de confiance transparente avec son employeur [restaurant Le Volcan à Clermont-Ferrand, NDLR], a beaucoup contribué dans ma volonté de le soutenir et de défendre son projet."
Pour y arriver, Vincent Attou doit revoir à la baisse son budget travaux pour diminuer le coût global du projet. Le premier architecte consulté ne pouvait s'adapter à son budget désormais limité à 120 000 €. En exposant sa difficulté à son entourage, un ami cuisiniste en CHR, lui recommande une société locale spécialisée dans l'agencement de commerce. "Réussir à créer un cadre original avec une enveloppe budgétaire limitée est vite devenu un défi que j'ai eu envie de relever", raconte Manuel De Macedo, directeur de Guide Travaux, à Riom, qui a élaboré le design du lieu et du mobilier, mais aussi le logo et le nom du restaurant.
Une palette à trois dimensions
C'est ainsi que des palettes de bois habillent les murs du local en jouant sur la texture, les volumes et la lumière. Elles marient à l'aspect brut du sol en béton et les bouquets d'ampoules reliés par des fils multicolores installés en guise de luminaires. Palette de couleurs, avec des banquettes et chaises en PVC aux couleurs vives et variées, et un logo y faisant un clin d'oeil tout en affichant clairement "Palette de saveurs", en référence à la cuisine de Vincent Attou. Séduit par les idées du créateur d'ambiance, le cuisinier lui donne carte blanche et cale du même coût son plan de financement sur les exigences bancaires.
Il finit par obtenir un crédit de 110 000 € sur sept ans au taux de 2,3 %, mais aussi un prêt d'honneur accordé par l'agglomération de Clermont-Ferrand. Preuve que son concept a su se démarquer par son originalité et la personnalité de son créateur. "Je table sur des matières premières de qualité, sur un ticket moyen de 18 € pour la restauration sur place et une fréquentation progressive allant de 15 couverts par jour le premier mois et 40 couverts par jour à partir du quatrième mois, avec une ouverture six jours par semaine au déjeuner uniquement et repas de groupe sur réservation le soir. Pour l'activité ' box à emporter', qui cible les entreprises alentour, le ticket moyen journalier prévisionnel s'établit à 13 €", détaille le créateur qui a imaginé une offre de restauration destinée à capter tous les types de clientèle fréquentant la zone de chalandise.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON
