Tout
ce que souhaitent les Tardy aujourd'hui, c'est retrouver leur clientèle
avec du matériel qui ne tombe pas en panne sans arrêt et des murs qui ne soient
pas rongés par l'humidité. Juste pouvoir travailler. Comme en 2014, avant les
travaux de voirie. C'est en effet à partir de cette période que la vie du
restaurant l'Etoile, auberge accueillante, réputée pour les cuisses de grenouille
et sa cuisine familiale de la Dombes, a tourné au cauchemar. «Ils ont tout cassé devant chez nous. La
route a été entièrement réaménagée et les bulldozers faisaient trembler les
murs » explique Eliane Tardy, la
maman, gérante du restaurant. Les conditions d'exploitation de l'établissement
se sont très vite dégradées. « Des
fils étaient arrachés, nous avons subi des coupures électriques à répétition
qui ont touché le matériel de cuisine. » Aujourd'hui, les frigos de la
réserve annexe servent de placard. « Le
terre-plein qui se trouve devant chez nous a été rehaussé. L'entrée de notre
parking forme désormais une sorte de cuvette ». Résultat, les bas de
caisse des véhicules frottent. Et les camping-cars ne peuvent plus entrer à
cause de la butée de portail. Impossible aussi pour les véhicules qui viennent
en sens inverse de la route de traverser depuis l'instauration, à cet endroit,
d'une ligne blanche. Le réhaussement du terre-plein a eu d'autres conséquences.
« D'abord, ils ont oublié de mettre
des grilles d'écoulement, déplore Eva, la fille, désormais au RSA. On prenait toute l'eau dès qu'il pleuvait. Ils
ont dû recasser. » Des grilles caillebotis ont été installées sur la
longueur de l'établissement. « Mais
le bas de grille est trop étroit et personne ne sait où l'eau s'évacue. Ils n'ont même pas pensé à ça quand ils ont fait les travaux ».
Après les travaux, l'humidité
Les travaux terminés, de nouvelles complications sont apparues et non des moindres : l'eau s'est mise à
remonter par capillarité attaquant les murs en Pisé de la bâtisse. Les Tardy sont
propriétaires du fonds, pas des murs. « L'humidité
a tout envahi. Nous avons cherché d'où ça venait mais personne n'avait de
réponse, pas même la propriétaire, jusqu'à l'été dernier, où un de nos
fournisseur nous a dit qu'il se souvenait, quand il venait livrer avec son père
marchand de vin, d'une cave. Murée depuis et dont nous ne connaissons pas l'accès »
soupire Eliane Tardy. Une cave sans doute en partie responsable de l'humidité
désormais récurrente depuis trois ans. " L'eau de pluie doit stagner. Mais le Pisé va-t-il pouvoir être récupéré si on trouve la réponse au phénomène ?" s'interroge Eliane Tardy qui a dû saisir la justice. Qui
est responsable et jusqu'où ? Un expert a été nommé. Mais le mille-feuille
des désagréments cumulés a détruit l'énergie de la restauratrice et de sa
famille. « Une grosse journée pour
nous, c'est dix clients ! En cuisine, une grande partie du matériel est
mort. Nous avions deux salles, une jaune
et une bleue. La bleue a été condamnée parce qu'elle est menacée d'effondrement.
Chaque matin, quand on entre dans le restaurant, l'odeur d'humidité est
horrible. Au début, là où les murs s'abîmaient, on faisait du cache-misère.
Maintenant, on ne peut même plus ».