Comment recruter et fidéliser les membres de son équipe lorsqu’on est un hôtelier indépendant qui ne peut pas offrir les avantages d’un grand groupe ? Face à l’augmentation des coûts et des charges, comment rentabiliser au mieux chaque mètre carré de l’hôtel ? Est-il possible d’attendre un retour sur investissement en hôtellerie ? Quels sont les moyens de perfectionner sa distribution tout en sécurisant ses données ? De nombreuses questions ont été abordées, le 19 septembre dernier, lors du premier congrès des hôteliers indépendants organisés à l’hôtel Kopster Colombes, par le cercle THCC.
- L’attractivité des métiers
Charline Bresse-Vittoz, directrice générale adjointe de Lavorel (8 hôtels employant 600 collaborateurs), s’est retrouvée face à de grosses difficultés de recrutement après le Covid. Pour les surmonter, le groupe a établi un questionnaire sur la qualité de vie au travail puis a mis en place différentes mesures pour répondre aux attentes de ses salariés :
- valorisation du travail du soir, le week-end et en coupure (avec des primes) : “Certains veulent gagner plus, certains ont des contraintes. Il faut savoir s’adapter”, explique la dirigeante ;
- création de moments de convivialité dans l’entreprise ;
- travail sur la quête de sens, la proximité, la reconnaissance (importance des likes, des réseaux sociaux… pour les moins de 30 ans, qui représentent actuellement 80 % des salariés du groupe) ;
- recrutement sur le savoir être et non pas le savoir-faire, avec l’opération ’Je ne suis pas qu’un CV’ ;
- évolution et formation des ‘middle managers’. “Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures : le capital humain est ce qui fait la richesse d’une entreprise”, ajoute Abdou Belgat, président de l’Amforht, lors du congrès
- La recherche de rentabilité
Les hôteliers cherchent à rentabiliser le moindre mètre carré, notamment dans les parties communes, en proposant des services supplémentaires (coworking, bars…) ou une ambiance spécifique leur permettant également de se démarquer face à la concurrence. Il est toutefois essentiel de réfléchir au sens que l’on veut donner, pour aménager des espaces qui confèrent une vraie valeur au lieu.
La technologie permet de mieux connaitre les clients, donc de mieux cerner leurs attentes. Certians établissements aménagent des chambres et des salons modulables, construisent des offres pour la clientèle locale ou familiale (rooftop, brunch pour les enfants, animations…) afin d’occuper les espaces tout au long de la semaine.
Yariv Abehsera, président du groupe Moho Hospitality, a ainsi installé un espace de gaming dans un de ses hôtels en station de ski, pour que les jeunes s’y rendent en soirée. Cet espace est devenu le plus rentable de l’hôtel, car il attire également les clients de la station.
- L’investissement
Depuis la fin de la pandémie, l’hôtellerie est toujours un secteur recherché, explique Patrick Hayat, président de l’Atop et du groupe Patrick Hayat Hotels. Cependant, les fonds d’investissement sont de plus en plus présents sur ce marché et les banquiers redoublent de méfiance face aux business plans. Cette appréhension les incite à demander des apports de plus en plus élevés : ceux-ci doivent atteindre entre 20 et 50 % du montant de l’investissement, contre 10 à 30 % auparavant, ce qui rend les investissements plus complexes.
Alain Berger, du groupe Michel Simond, note que le marché de vente de fonds reste dynamique, notamment à Paris et en Île-de-France, mais les produits sont rares car les vendeurs préfèrent attendre les Jeux olympiques avant de céder leur hôtel. Néanmoins, les acteurs et les objectifs changent, avec des investisseurs qui préfèrent parfois transformer les bâtiments en résidences hôtelières.
Publié par Roselyne DOUILLET