Depuis sa création en 2014, Okko Hotels a banni les minibars. Pour la directrice générale adjointe du groupe, Solenne Devys, le verdict est sans appel : “Un minibar, c’est un nid à difficultés. Ça fait du bruit. Régulièrement, les clients le débranchent et ça met de l’eau dans la chambre. Les clients ne sont jamais contents du contenu, ils trouvent les produits trop chers. Pour l’équipe de ménage, il faut compter les produits, recompter - cela fait l’objet de discussions lors du check-out si le client conteste -, nettoyer, s’occuper du réassort alors que les chariots à linge sont déjà lourds… Sans parler de la consommation énergétique... Cest une hérésie.”
Lucas Emel, responsable RSE au sein du groupe Logis Hôtels (collectif de 2 000 hôteliers-restaurateurs), enchérit : “Un minibar, c’est 30 à 50 % de l’énergie utilisée dans une chambre. Cela a un cycle de vie de 5 à 10 ans, et ce n’est pas vraiment recyclable. Ce n’est pas le meilleur investissement en termes de durabilité… En plus, le minibar n’a pas vraiment prouvé son efficacité en termes économiques. Nous recommandons donc à nos hôteliers de ne pas forcément le remplacer en cas de rénovation.”
Chez Mando Hospitality, l’approche se fait au cas par cas. “Cela dépend de l’établissement et de la ville. À Paris, s’il y a un supermarché à chaque coin de rue, on propose plutôt des produits basiques à l’accueil. À Béziers, dans notre hôtel La Prison, les chambres occupent d’anciennes cellules pénitentiaires : nous n’avons pas mis de minibar pour une question de place. En revanche, au Voco, un 4 étoiles qui va ouvrir prochainement à Beaune, nous mettrons des minibars avec des produits plus fun, autour du vin”, détaille la cofondatrice, Tatiana Halimi.
Luxe, créativité et PMR
Si le minibar disparaît peu à peu des hôtels économiques et milieu de gamme, il s’avère toujours envisagé, voire recommandé, dans certains cas de figure. À commencer par le segment haut de gamme. “Le minibar s’impose toujours dans le luxe. C’est un service qui paraît acquis pour les clients. En dehors du luxe, il faut que le minibar soit créatif, en ligne avec un concept global. Par exemple, la brasserie BrewDog a ouvert en Angleterre des hôtels avec des mini-frigos remplis de cannettes et des tireuses à bière, dans les chambres ou les salles de bain”, observe Youri Sawerschel, fondateur de Creative Supply, agence de conseil en stratégie de marque.
Pour sa part, Lucas Emel conseille de garder les minibars dans les chambres PMR : “Les personnes en situation de handicap ont parfois des traitements. Le minibar leur permet alors de conserver les médicaments au frais. C’est un vrai service dans ce cas.”
Imaginer des alternatives
Vous estimez que le minibar a fait son temps ? Dès lors, comment le remplacer ? Certains hôtels mettent des fontaines à eau ou des distributeurs dans les parties communes. D’autres, axés sur les longs séjours, optent pour des kitchenettes.
La marque lifestyle Okko Hotels, elle, a fait le choix de mettre des machines à café dans les chambres, et de proposer du thé, du café et du snacking à volonté dans les parties communes, compris dans le tarif de la chambre. “Ce n’est pas une démarche économique de notre part, mais cela a une vraie logique en termes d’expérience client. Les chambres sont un cocon dédié au sommeil, et tout ce qui est expérience en F&B se passe dans les parties communes”, explique Solenne Devys.
Le Logis Auberge Les Murets, en Ardèche, met à disposition un frigo garni dans les parties communes. “Les clients notent sur une fiche leur numéro de chambre et ce qu’ils ont consommé. C’est plus facile pour la logistique que les minibars, et beaucoup moins de personnes essaient de tricher”, admet Lucas Emel. Le Logis Hôtel Operalia les Pins (Baraluc-les-Bains), quant à lui, propose une cuisine collective, disponible pour tous les clients. Ils peuvent ainsi “ne pas manger au restaurant tous les jours, sans pour autant se tourner vers un appart hôtel”.
Publié par Violaine BRISSART
mardi 31 octobre 2023