L’hôtellerie en milieu rural navigue entre deux eaux. “D’un côté, beaucoup d’hôtels disparaissent - près de 200 par an -, de l’autre certains tournent très bien en montrant une certaine résilience”, souligne Samuel Couteleau, senior manager chez In Extenso Tourisme Culture & Hôtellerie.
Le Lion d’argent, situé à La Châtre (Indre), 4 000 habitants, en est le parfait exemple. En région Centre-Val-de Loire, un quart de l’offre hôtelière réside dans les villes de campagne. Créé au XIXe siècle, l’hôtel du Lion d’argent a été acquis par la famille Audebert en 1939. Pierre-Marie et Françoise Audebert y sont aux manettes depuis 1977. Ils ont transformée une petite auberge classique en hôtel-restaurant trois étoiles, apprécié tant des VRP de passage que des touristes et des locaux. Aujourd’hui, l’hôtel compte 34 chambres réparties en deux bâtiments, ouvertes à l’année, 7 jours sur 7. Le restaurant sert une cuisine de bistronomie, avec une cinquantaine de couverts, totalisant 20 000 couverts par an, approvisionnés en grande majorité par des produits locaux. L'établissement compte 20 salariés à temps complet, “sans turnover, avec des employés fidèles depuis trente ans”, note Pierre-Marie Audebert. “Nous avons été précurseurs en appliquant les lois sur la réduction du temps de travail, en créant des emplois, et en faisant tourner deux équipes, ce qui fait que chacun a une semaine de congé par mois.” La stabilité de l’équipe est une clé de la réussite.
Une autre est la présence d’un bon restaurant, ici régulièrement conseillé par un ancien chef étoilé, Charles Plumex. Pour Samuel Couteleau d’In Extenso, “un hôtel adossé à un restaurant est indispensable en milieu rural. La qualité du restaurant fidélise la clientèle. L’autre aspect est la capacité de ces hôtels à attirer une clientèle de loisirs, dans un cadre agréable.” C’est le cas du Lion d’argent, qui possède un beau jardin, un cadre apaisant malgré la proximité de grands axes routiers.
Sabine Ferrand, présidente de l’Umih Centre-Val de Loire y voit un emplacement stratégique. “Un hôtel situé au milieu de nulle part a plus de chance d’être rentable qu’un hôtel proche d’une grande ville, car l’offre hôtelière rurale été dépeuplée par les grands groupes installés en zones périurbaines. Mais ce qui compte aussi c’est une hôtellerie de qualité. Pour une petite auberge d’une dizaine de chambre, les investissements sont trop coûteux pour se mettre aux normes. Alors qu’un bel un hôtel de campagne tel que le Lion d’argent, plus important et de surcroît labellisé, s’en sortira.” Et durera. Depuis 1977, l’hôtel de Pierre-Marie Audebert, a su surmonter les différentes crises, s’adapter. “Nous nous remettons en question en permanence. Et nous ne sommes pas près de le vendre, car nous avons toujours des projets d’amélioration.”
Publié par Aurélie DUNOUAU