L'Hôtellerie Restauration : Comment l'hôtellerie lyonnaise a-t-elle résisté à la crise ?
Jean-Yves Proust : Elle a mieux résisté que d'autres. La clientèle affaires représente près des deux tiers des chambres louées. Cela assure une très bonne activité en semaine avec près de 80 % de taux d'occupation. Le marché hôtelier du Grand Lyon a vu son RevPAR moyen augmenter de 6,33 % en 2011 par rapport à 2010.
L'hôtellerie d'affaires est-elle prépondérante sur le Grand Lyon ?
Le parc hôtelier du Grand Lyon est positionné à 51 % en hôtellerie d'affaires (3, 4 et 5 étoiles), Lyon se plaçant comme le deuxième centre d'affaires en France, derrière Paris. Outre l'inscription du Vieux Lyon au patrimoine mondial de l'Unesco en 1998, une offre touristique a été développée autour de diverses filières comme l'art de vivre et la gastronomie, le patrimoine, la culture, le shopping. En s'appuyant sur des campagnes de communication et de marketing lancées autour de la marque Only Lyon, la ville a réussi à s'imposer comme une destination de city-break à l'échelle européenne. Grâce aux différentes manifestations organisées (Fête des lumières, Biennales de la danse, Nuits sonores…) l'agglomération a réussi à lisser son activité en limitant l'effet de saisonnalité. Les bonnes relations qu'entretiennent les différents acteurs institutionnels et professionnels et le travail effectué en commun pour la promotion de la destination sont par ailleurs pour beaucoup dans l'évolution de l'activité hôtelière ces dernières années.
Comment se positionnent les hôteliers du Grand Lyon concernant les nouvelles normes de classement ?
Les procédures de classement sont en cours. Un peu moins de 20 % du parc est aujourd'hui classé aux nouvelles normes, équivalent à ce que l'on retrouve au niveau national. Les hôteliers ont la volonté de monter en gamme et notamment d'aller vers les catégories 3, 4 et 5 étoiles afin de répondre à la demande en hôtellerie d'affaires. Le parc va donc subir une mutation, en tout cas au niveau du classement affiché.
La ville soutient-elle les hôteliers qui souhaitent se moderniser ?
Le Grand Lyon propose deux dispositifs d'aide à la modernisation de l'offre hôtelière : le prêt participatif Oséo pour la rénovation hôtelière et un fonds d'aide à l'hôtellerie indépendante en milieu urbain. Aujourd'hui, peu d'hôteliers sont menacés mais les petits établissements devront réaliser, d'ici à 2015, des travaux pour répondre aux normes d'accessibilité.
Quels sont les enjeux pour les prochaines années ?
Le renforcement de la capacité du parc hôtelier doit conforter l'image internationale de Lyon en tant que destination touristique et concurrencer les grandes villes européennes. Le Grand Lyon souffre aujourd'hui d'un déficit d'hôtels de forte capacité sur les segments haut de gamme et très haut de gamme. Afin de renforcer son attractivité, le Grand Lyon doit diversifier son offre hôtelière. Des efforts sont consentis afin d'accueillir des enseignes internationales encore peu présentes en France. Parallèlement, l'agglomération souhaite diversifier les catégories et enseignes représentées et développer une hôtellerie de qualité qui se distingue par son originalité - hôtel flottant, HQE, boutique-hôtel. L'agglomération cherche également à développer d'autres types d'hébergement à travers notamment un projet innovant d'auberge de jeunesse. Enfin, il est souhaitable que le parc continue à évoluer pour répondre aux enjeux liés à une concurrence européenne. Ainsi, 20 à 25 % des chambres du parc devra faire l'objet d'une modernisation.
Publié par Jean-Yves Proust du cabinet Headlight Consulting avec Tiphaine Beausseron