En cette période
particulière, comment se comporte l'activité parisienne ?
En RevPar, les hôtels haut de gamme
et palace, depuis décembre 2015, sont entre -15 et -18%. Certains établissements
davantage tournés vers la clientèle de loisirs vont jusqu'à -30%. Nous avons senti une légère
reprise en mars. Mais les attentats de Bruxelles ont à nouveau fait chuter l'activité.
Nous étions à -28% en moyenne en avril. Selon l'indicateur STR Paris Center,
qui mesure les performances de l'industrie hôtelière, nous étions à +9% du 1er
au 13 juillet. A partir du 15, c'est la chute. Au 27 juillet, nous étions à
-45%, toujours par rapport à l'an dernier.
Votre sentiment face
à ces chiffres ?
La situation est extrêmement difficile. Le marché russe a
commencé à baisser avant les attentats. Les Japonais, eux, ne viennent plus depuis. Certains hôtels qui
avaient su gagner cette clientèle sont à -80%. Les Chinois sont en nette
diminution. La perception de la destination France est mauvaise avec des
annulations de groupe qui tombent désormais pour des séjours prévus fin 2016 et
en 2017. La clientèle du Moyen Orient, comme la plupart des autres nationalités, est en retrait. L'Espagne, le Portugal et Londres profitent de cette désaffection
liée à la peur et à l'image dégradée de la France. L'Allemagne est dans une situation proche
aujourd'hui. Il est malheureusement impossible d'avoir une
perspective.
Le constat posé, que
faire ?
Faire ce que l'on sait faire, et le mieux possible. Il ne faut
pas toucher aux prix, ne pas les tirer vers le bas. En revanche, les stratégies
commerciales doivent redoubler d'efforts. Nous devons apprendre à vivre avec
cette situation. Mais nous devons rester ce que nous sommes, sans arrogance, au
risque de ne pas être profitables. Le secteur doit réfléchir avec ses
investisseurs, prévoir que dans les mois qui viennent il y aura des réductions de bénéfices ou
peut-être pas de bénéfices, sans toucher à la qualité. Nous avons les plus
beaux hôtels d'Europe et parmi les plus beaux du monde. Nous sommes créateurs de valeurs, quoi qu'il arrive.
Comment abordez-vous votre
mission au sein de l'Umih ?
Le rôle qui m'a été confié par Roland Héguy et les membres d'Umih Prestige s'inscrit dans la politique générale du syndicat. L'objectif
est de fédérer les 5 étoiles, les palaces autour de l'emploi, de la
formation, de participer au lobbying nécessaire auprès du Gouvernement, de
travailler sur les grands dossiers défendus par l'Umih. Nous devons aussi servir l'image de la France à l'étranger dans
cette terrible séquence que nous traversons. Nous en avons la capacité. En
nous réunissant, nous apportons une contribution nouvelle au tourisme.
Sur quoi
travaillez-vous depuis votre arrivée à la tête d'Umih
Prestige ?
Le modèle des plateformes de locations meublées doit être
clarifié, notamment en ce qui concerne la fiscalité : la déclaration automatique
des revenus auprès de l'administration fiscale s'impose. Nous nous asseyons à
la table des organismes et des institutions pour veiller à ce que les actions
mises en place soient pertinentes. Le rééquilibrage des relations avec les OTA
doit également se poursuivre. Enfin, le haut de gamme, aux codes si particuliers, demande également
des formations spécifiques. A l'intérieur,
l'apprentissage tient une place importante. Pour vous donner un ordre d'idée, à
l'InterContinental Paris Le Grand, nous avons 60 apprentis. Chez nous les apprentis
vont au bout de leur contrat, pour se déployer ensuite dans les autres hôtels
du groupe, ou ailleurs. Nous sommes fiers de relâcher des jeunes qui
réussissent dans leurs études et leur vocation.
Publié par Sylvie SOUBES