L'Hôtellerie Restauration :
Quels sont les ratios clés qui servent de repères dans l'analyse du
bilan ?
Emmanuel Marchand : Trois points sont importants dans l'analyse d'un
compte de résultat pour apprécier et moduler la valeur d'un fonds de
commerce :
- la marge brute (CA HT - achats
HT) qui permet de savoir si l'affaire concernée est dans la moyenne du secteur.
Par exemple, une brasserie devrait avoir une marge brute de 70-72 %. Si
elle s'avère nettement meilleure, il faut peut-être envisager une minoration de
la rentabilité à la reprise car tous les acquéreurs ne seront pas capables de
faire toujours aussi bien. Si elle est bien pire, sous les 65 %, alors il
est possible de gagner quelques points de rentabilité qui seront à faire valoir
auprès des banques lors du dossier de financement.
- Les frais de
personnel : bruts chargés, y compris les rémunérations de gérance. La
moyenne des fonds de commerce du secteur est de 30 à 35 % du CA HT.
Au-delà, il faut se poser la question de l'adéquation de la structure et de sa
possibilité à être minorée pour gagner des points de rentabilité. En-deçà, il
faut aussi s'interroger sur l'équilibre de la structure et le fait que le
personnel soit suffisant pour rendre un service convenable aux clients.
- Enfin, le ratio le plus
couramment retenu est l'EBE retraité - différent de l'EBE comptable du SIG -,
qui tient compte du résultat d'exploitation auquel on ajoute des dotations aux
amortissements, des rémunérations de la gérance et des avantages financiers
personnels. Ce ratio, en fonction des types de commerce, varie de 2,5 à 3,5.
Comment calculez-vous le prix
du marché ?
Le prix du marché est
réellement fonction de ce que le vendeur est prêt à concéder pour son fonds de
commerce, et de ce que l'acquéreur est prêt à payer pour ce même fonds de
commerce.
En pratique, notre évaluation
basée sur l'EBE retraité permet de se situer par rapport à un marché général et
de valoriser le fonds de commerce à un prix qui sera acceptable pour que les
banques puissent financer le projet et que le gérant en vive.
Par exemple, un restaurant
traditionnel qui réalise 300 000 € HT de chiffre d'affaires par an
peut s'évaluer à 55-60 % de celui-ci, soit une fourchette de 165 000 €
à 180 000 € nets vendeur. Il faut confronter cette valeur au calcul
par la rentabilité, c'est-à-dire l'EBE retraité - qui intéressera tout
particulièrement l'acquéreur et la banque. Si le résultat d'exploitation est de
20 000 €, les dotations aux amortissements et aux provisions de 10 000 €,
et la rémunération de la gérance (hors charges) de 25 000 €, l'EBE
retraité est donc de 55 000 € auquel il faut appliquer, dans notre
région, un coefficient moyen de 2,75 à 3 (maximum) soit un prix net vendeur de
150 000 € à 165 000 €.
Le prix médian est donc de 165 000 €
pour ce fonds de commerce. Sachant que la rentabilité est la valeur la plus
importante de l'évaluation, il est fort à parier que la cession s'échelonnera
entre 150 000 € et 165 000 €, même si l'Itec prend à la
base un mandat de mise en vente à 180 000 €.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON