Alors que la société voit une hausse continue du temps des loisirs depuis plus d'un demi-siècle, il est pour le moins paradoxal de constater une précipitation chaque année plus forte à dresser le fameux bilan de l'été à plus d'un mois de l'arrivée de l'automne.
Passons sur les impatiences médiatiques des consultants, observateurs, experts et autres Géo Trouvetou de la statistique vacancière dont le seul objectif est de communiquer la vérité révélée en avant-première. Le comble du ridicule fut atteint la semaine dernière par la course à l'échalote entre l'office de tourisme de Paris et le comité régional de tourisme d'Île-de-France pour dévoiler l'un avant l'autre des résultats estivaux dont il y avait peu de chances qu'ils fussent très divergents.
Trêve d'enfantillages, la mesure de l'activité touristique et professionnelle mérite évidemment mieux en termes d'analyse de l'évolution, des mutations profondes du comportement de la clientèle, de ses aspirations, des circonstances conjoncturelles particulièrement anxiogènes en période de fort ralentissement économique et de montée du chômage.
Certes, les observations localisées peuvent permettre de définir une tendance, mais leur généralisation hâtive ne servira jamais la cause fondamentale d'une évaluation statistique fiable, cohérente et rationnelle de l'activité des professions d'accueil, d'hébergement, de restauration et de loisirs.
Sinon, il ne restera aux entreprises que leur propre compte d'exploitation, ce qui ne leur permettra pas véritablement de situer leur position sur le marché. Or, le professionnel a plus que jamais besoin de repères qui vont au-delà de sa propre affaire, et sur une durée qui ne se limite pas à la période du 14 juillet au 15 août, tout aussi significative soit-elle. L'allongement de la durée du temps de loisirs, le goût des retraités pour les déplacements hors saison, les prémices d'une météo favorable pour les prochaines semaines pèseront sur l'ensemble des résultats d'une année, il est vrai, marquée par l'incertitude et l'attentisme des consommateurs.
Traditionnellement, les visiteurs de septembre constituent une clientèle exigeante sur la qualité et la régularité des prestations, souvent avide de découvertes loin de la précipitation qui caractérise la période des loisirs organisés à tout prix.
Raison de plus pour ne pas relâcher en ce moment crucial qui, bien souvent, assure une fin de saison honorable après un été en demi-teinte. Aujourd'hui, réussir l'arrière-saison est tout aussi important à l'égard de clients plus sensibles aux traditionnelles qualités d'accueil qu'ils attendent de la profession.
Publié par L. H.