L’hôtellerie continue de prouver sa résilience, malgré les secousses inflationnistes et géopolitiques. Les chiffres d’affaires ont poursuivi leur augmentation en 2023, les touristes internationaux - notamment américains et asiasiques – ont confirmé leur retour sur le territoire et l’appétit des investisseurs pour le marché ne s’est pas démenti tout au long de l'année.
Si l’on ajoute à cela la tenue des Jeux olympiques en 2024, il y a donc beaucoup de raisons de “voir le verre aux trois quarts pleins”, s’est réjoui Philippe Gauguier, associé d’In Extenso Tourisme, Culture & Hôtellerie (TCH), en préambule du rendez-vous annuel présentant le bilan de l’année et les perspectives pour l'année à venir, organisé au Palais Brongniart, à Paris, le 9 février dernier.
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- Un marché en croissance
L’année 2023 a conforté la performance du marché hôtelier, a détaillé Olivier Petit, associé d’In Extenso TCH : le taux d’occupation est en hausse de 3 %, le prix moyen de 7 %, et le chiffre d’affaires de + 10 %.
• Toutes les catégories d’hôtels bénéficient de ce dynamisme, avec deux particularités : l’hôtellerie économique est celle qui a vu ses prix augmenter le plus, et le segment luxe a vu progresser le plus son taux d’occupation.
• De plus, tous les territoires ont bénéficié de la bonne santé du marché, notamment Paris et les grandes métropoles. En dix ans, le secteur a d’ailleurs connu une croissance du chiffre d’affaires de 2,7 % par an en régions, et de 4,7 % à Paris.
Et si les taux d’occupation sont toujours en retrait de 4 % par rapport à 2019, les prix ont, eux, augmenté de 30 %, permettant de compenser la hausse des coûts salariaux, des charges et matières premières.
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- De nouveaux entrants
Dans ce contexte, les investisseurs continuent à s’intéresser de près au secteur, face notamment aux difficultés rencontrées par les autres classes d’actifs (immobilier de bureaux, résidentiel, commerce de détail…). De nouveaux acteurs se positionnent pour entrer sur ce marché et aller chercher une rentabilité qu’ils ne trouvent plus dans les autres secteurs.
Ceux-ci nouent (c’est le cas de 80 % des 11 500 chambres créées depuis cinq ans) des partenariats avec les enseignes hôtelières, qui ont multiplié les marques et les collections ces dernières années afin de diversifier leur positionnement et s’adapter au mieux aux attentes de la clientèle.
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- Jeux olympiques : “une opportunité à ne pas rater”
En cette année olympique, peut-on tirer des leçons de la coupe du monde de Rugby de 2023 ? Assurément, déclare Olivier Petit : alors que les villes hôtes en régions ont vu leurs TO et prix moyens fortement augmenter (+ 20 à 40 € selon les destinations), l’événement a eu un effet repoussoir à Paris, où les prix sont déjà très hauts en raison de la forte activité Mice de l’automne.
Cet été, les touristes vont donc certainement différer leur séjour à Paris pour éviter la foule des JO, prédit l’expert, pour qui l’impact de la compétition sera fort sur les prix moyens, mais peut-être moindre sur l’occupation.
Les Jeux sont “une opportunité à ne pas rater, en espérant que l’organisation tienne ses promesses et que les professionnels - hôteliers, restaurateurs, taxis - jouent le jeu”, prévient Philippe Gauguier.
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- Rester prudent pour 2025
De plus, l’augmentation des prix hôteliers va se ralentir, assure Béatrice Guedj, directrice recherche et innovation pour Swiss life Asset Managers France. “On entre dans un environnement où l’inflation sera désormais plus élevée que ces dix dernières années, de 2 à 3 % par an, ce qui aura un impact sur les marges. La croissance va se ralentir et nous allons entrer dans un scénario d’atterrissage en douceur”, exception faite de 2024 qui s’annonce comme très bonne pour l’hôtellerie.
De plus, la concurrence des pays d’Europe du Sud, et plus particulièrement de l’Espagne et de l’Italie, continue de se faire ressentir, à la fois en matière d’investissement et de fréquentation. Ces pays bénéficient, comme la France, d’une clientèle domestique et internationale, et ont enregistré des recettes record en 2023. “Il faudra faire très attention à [eux] pour que la France reste compétitive” dans les années à venir, prévient Béatrice Guedj.
Publié par Roselyne DOUILLET