Stéphane Lemonnier : Oui, le CHR ne représente plus qu'un tiers de nos ventes réalisées en 2016 alors qu'il en représentait plus de la moitié en 2013. De nombreuses affaires à vendre sur le marché ont des difficultés à trouver preneur. Parmi ces difficultés, certaines sont liées aux contraintes de mise aux normes, d'autres à des zones rurales délaissées, mais aussi à des baisses significatives de rentabilité de certains établissements. De plus en plus de commerces indépendants CHR ferment faute de repreneur. En parallèle, nous développons notre activité immobilier commercial et entreprise (ICE) car il y a une vraie tendance des enseignes nationales de restauration à chercher des locaux commerciaux à louer ou à acheter, notamment dans les gros centres commerciaux ou sur les axes pénétrants drainant un flux de voitures important.
Combien de temps en moyenne les affaires restent-elles en vente en agence ?
Il faut compter entre douze et dix-huit mois, alors qu'il était de huit à douze mois en moyenne en 2013, et de six ou sept mois avant la crise de 2008. Cela s'explique notamment par l'existence d'une offre largement supérieure à la demande et de nombreux départs à la retraite.
Quels sont aujourd'hui les principaux points forts d'un fonds de commerce CHR ?
Un bon emplacement, une terrasse, une conformité aux normes et un logement de fonction. Ce sont les principaux atouts. Bien entendu il faut également un bon bilan, c'est-à-dire un chiffre d'affaires et une rentabilité en corrélation. Le point faible de la restauration, c'est la disparité des éléments du bilan. Idéalement, il faut que le bilan soit équilibré et que la marge brute, la masse salariale et le loyer ne dépassent par certains seuils (respectivement 68 %-70 %, 40-50 % et 8-9 % du chiffre d'affaires hors taxe).
Une fois l'acheteur trouvé, quel est le délai pour signer l'acte définitif de vente ?
Il faut en moyenne quatre mois. Cela s'explique notamment par les délais bancaires de plus en plus longs.
Effectuez-vous une sélection des acheteurs ?
Oui, c'est plus que nécessaire si nous voulons que la cession se réalise. Nous sommes par ailleurs courtier en opérations de banque et en services de paiement, ce qui signifie que nous accompagnons également l'acquéreur dans l'élaboration de son dossier bancaire jusqu'à l'accord de prêt. Nous vérifions minutieusement la solvabilité du client, la qualité du projet, l'expérience de l'acheteur et nous l'assistons dans l'élaboration de son plan de financement et de son prévisionnel. Tous ces services supplémentaires font partie des atouts de notre agence. Grace à ce gros travail de sélection d'acquéreurs, 98 % des cessions réalisées par notre intermédiaire vont jusqu'au bout.
Quelles sont les affaires qui séduisent le plus ?
Dans notre secteur géographique, les bars-tabacs restent un produit de reconversion et une valeur sûre pour les primo-accédants. Les brasseries plaisent également toujours aux professionnels aguerris, tandis que les restaurants traditionnels attirent plus les primo-accédants du métier de la restauration du type salarié du secteur ou couple salarié souhaitant se mettre à son compte. Le concept de boulangerie multi-activités (pâtisserie, sandwicherie, viennoiserie) avec consommation sur place et à emporter se développe bien. Enfin, la restauration rapide qui surfe sur les nouveaux concepts burger et bagels est en plein essor mais concerne principalement les grandes enseignes.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON