Paris
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Aménager des couloirs pour qu'ils ne donnent pas le cafard, cela ne s'improvise pas, surtout avec les normes de sécurité et d'accessibilité qui se multiplient dans les hôtels. La designer Dorothée Meilichzon livre quelques astuces pour donner de l'allure à ces parties communes.
La designer Dorothée Meilichzon dans une chambre de l'Hôtel des Grands Boulevards à Paris (2e).
"Entre les normes de
sécurité et les volumes, on a peu de liberté. Il faut donc redoubler
d'imagination." C'est ainsi que la designer Dorothée Meilichzon résume
la problématique des couloirs à égayer dans un hôtel. Et pour cause : en
matière de décoration, impossible d'installer des pièces de mobilier dans un
couloir, "car il ne faut aucun
obstacle à la circulation". Les miroirs, qui pourraient agrandir un
espace ou renvoyer de la lumière, sont tout autant proscrits : "En cas d'évacuation en urgence, ils
peuvent induire en erreur les clients quant à la bonne direction à
prendre."
"Pour animer un
couloir, surtout s'il n'a pas de fenêtre, j'essaie de travailler sur des
éléments graphiques", explique Dorothée Meilichzon. Elle pense, par
exemple, "aux motifs sur le
sol". Opter pour une moquette revêt alors un double intérêt : "Celle-ci a des atouts acoustiques
indéniables et elle apporte des motifs."
"Ajouter des appliques
pour adoucir l'atmosphère"
Dans l'Hôtel des Grands Boulevards, à Paris (IIe), dont elle vient
de boucler le chantier et qui ouvrira ses portes courant janvier, la designer a également joué avec les couleurs : "Il
y en a une différente par étage." Et sur les murs, "c'est de la peinture." Mais
Dorothée Meilichzon préconise aussi la chaux ou le papier peint.
Quant à la
signalétique et la lumière, "elles
vont permettre également de faire la différence", poursuit la
designer. Même si, une fois encore, les normes à respecter sont strictes côté
éclairage : "En plus des spots
capables de diffuser une lumière très forte, notamment pour indiquer les sorties
de secours, on peut ajouter des appliques pour adoucir l'atmosphère."
Dans l'Hôtel des Grands Boulevards, la designer a ainsi posé une applique près
de chaque porte de chambre, tel un mini-réverbère. "J'ai voulu que chaque porte rappelle celle d'une maison." Opération réussie : peinture laquée claire, heurtoir de porte doré en
forme d'abeille et bas-reliefs sur les murs donnent un air de rue aux couloirs
de cet hôtel, situé boulevard Poissonnière.
"Travailler sur les bas-reliefs, cela crée de petites vibrations, qui
ramènent des motifs et engendrent un effet graphique", détaille Dorothée Meilichzon. À l'instar de
la moquette inspirée des pavés, ce qui accentue un peu plus encore
l'impression d'être dans une rue de Paris. Une rue où chaque porte cache son
propre univers : une façon de faire comprendre aux clients qu'ils ont à leur disposition une
chambre en ville qui répond à leurs attentes, et non une chambre standardisée.