La réforme règlera-t-elle tous les problèmes de notre système de retraite ?
On peut en douter car à ce jour le problème du financement lié au fameux âge pivot à 64 ans est loin d’être réglé et la sortie de crise va conduire à recréer de nouvelles formes de régimes spéciaux. Enfin, nous avons aussi le risque de l’instauration de critères de pénibilités complexes et difficiles à appliquer dans nos professions.
L’Etat est-il le mieux placé pour gérer un système universaliste ?
Il est prévu de supprimer les 42 régimes de retraite existants et les remplacer par un régime unique. La réforme aboutira de fait à une étatisation de tous les systèmes et les arguments que l'on avance sur le paritarisme n'y pourront rien changer. En fait d'universalité, l'Etat aura totalement la main sur les retraites à venir et, pour équilibrer le système, il sera toujours en mesure de faire varier en dernier ressort les deux paramètres à sa disposition c'est-à-dire la valeur du point et/ou le niveau des prélèvements obligatoires. On voit mal comment l’Etat pourrait être meilleur gestionnaire que les 42 systèmes antérieurs.
Nos enfants seront-ils les gagnants de cette réforme ?
La nature même d'un régime à points sera que la valeur du point pourra varier à la hausse ou à la baisse en fonction des déséquilibres financiers des retraites à venir. Le gouvernement explique que le niveau des retraites ne doit pas dépasser la part actuelle de notre richesse nationale (14% de notre PIB) déjà très élevée. En même temps, il veut introduire des mécanismes pour empêcher la valeur du point de baisser. Que faut-il comprendre de cette apparente contradiction ? En fait, le gouvernement accepte implicitement que l'ajustement se fasse par une hausse des prélèvements obligatoires qui seront consacrés aux retraites. Cette réforme est donc une machine à fabriquer des prélèvements obligatoires que devront supporter nos enfants.
Quel sera le coût de cette réforme pour les finances publiques ?
On constate déjà de nombreuses revendications de "rattrapage salarial" dans la fonction publique que le gouvernement commence à accorder. Le paradoxe de cette réforme sera d'aboutir non seulement à ne pas faire d'économies sur les déficits des régimes spéciaux mais à alourdir la charge de nos finances publiques.
Bilan du débat pour le secteur de l’hôtellerie et de la restauration
On ne peut ainsi s'empêcher de penser que le coup porté aux hôteliers restaurateurs pour la saison des fêtes 2019 n'aura pas servi à bâtir un système de retraites porteur d’un vrai progrès social ou d’une réelle efficacité économique. Notre sacrifice n'aura donc servi à rien, d’autant plus que notre profession doit se préparer à subir injustement le coût d’un malus en terme de charges sociales notamment pour les entreprises saisonnières, et d’une nouvelle taxe qui frappera nos confrères contraints d’avoir recours aux contrats courts.