"Tout se passe bien, reprend-il. J'ouvre le restaurant, je trouve ma clientèle, avec menu ouvrier au déjeuner et couscous le vendredi soir." Mais lorsqu'il demande une autorisation de découvert de 4 000 € à sa banque "pour payer [s]es fournisseurs", on la lui refuse. C'est le début de la fin. L'engrenage. Son compte est dans le rouge et les frais bancaires s'accumulent : "300 € un mois, 500 € le suivant, jusqu'à 2 000 € un autre mois… En moins d'un an, j'ai eu 10 000 € de frais bancaires à rembourser." Mission impossible pour ce père de famille, qui avait en outre un salarié à payer.
Impasse
"Pendant l'été, alors que mon conseiller bancaire était en vacances, j'ai reçu un courrier du siège parisien de la banque dans lequel on m'expliquait que j'avais bien droit à un découvert de 4 000 €", explique le restaurateur. Sauf qu'il est trop tard. Entre la banque et lui, c'est l'impasse. Il demande à être remboursé de ses frais, on lui dit non. Il réclame des dommages intérêts et hausse le ton, il récolte une comparution devant le tribunal correctionnel de Tours pour propos diffamatoires et injurieux. Celle-ci sera classée sans suite. Il n'en demeure pas moins que Jérôme Devienne est contraint de cesser son activité et fermer son restaurant. "Dans un premier temps, j'ai essayé de le revendre, pour éviter la liquidation judiciaire", confie-t-il. Mais celle-ci a été prononcée le 5 mai dernier : une partie de ses dettes vont être épongées, mais aucune indemnité ne lui sera versée. "Aujourd'hui, je suis bloqué, s'inquiète Jérôme Devienne. Si je me remets à travailler, l'Urssaf - à laquelle je dois 6 000 € - va me saisir mes salaires". Alors, il "survit" : "Je touche 795 € par mois du RSA et pour améliorer le quotidien de ma femme et de mes deux enfants, âgés de 3 ans et demi et 5 ans et demi, j'ai vendu ma voiture neuve pour en acheter une qui a vingt ans. Par ailleurs, je revends la vaisselle du restaurant et je vais chercher de quoi manger à la Croix-Rouge de Chinon. C'est la misère."
"Le 25 du mois, il me reste moins de 5 € en poche"
"Aujourd'hui, je suis cassé. Je ne dors plus. Je n'ai pas trop le moral, reconnaît-il. Je touche le RSA le 5 du mois et le 25, il me reste moins de 5 € en poche. Avec ma femme et mes enfants, nous habitons toujours au-dessus du restaurant, mais on nous a tout coupé et nous allons bientôt devoir quitter cet appartement."Son avocat, qui le soutient gratuitement, continue de se mobiliser. À l'instar de Jérôme Devienne qui distribue des tracts incendiaires contre sa banque devant les agences de Richelieu, Chinon, Tours, Châtellerault et même Rennes. "Si on peut me donner un coup de main pour retravailler dans une autre région, je suis preneur. Ensuite, je quitterai la France, car ici, entre les normes à n'en plus finir, la comptabilité et l'incompréhension des banques, tout est trop compliqué."
Publié par Anne EVEILLARD
vendredi 22 mai 2015
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