Berlin, c'est bon pour le moral des présidents des grandes chaînes hôtelières

Lors du forum international de l'investissement hôtelier, rendez-vous annuel incontournable qui donne le pouls de l'activité mondiale du secteur et qui vient de se tenir à Berlin, 1 700 décideurs avaient répondu à l'appel.

Publié le 08 mars 2012 à 16:07
À l'ouverture du forum, la conférence de l'économiste Daniel Thorniley ne laissait guère de place à l'optimisme quant à la conjoncture mondiale : possible ralentissement de la croissance chinoise, avec des conséquences dramatiques sur l'ensemble de l'économie mondiale, sombres perspectives au Moyen-Orient, inquiétude à propos de l'Iran et de la menace d'une guerre que fait peser son programme nucléaire. Sans oublier l'angoisse en Europe à propos de la Grèce, dont la dette abyssale a entraîné toute la zone euro dans une spirale étourdissante. Bref, tout au long de ce discours inaugural, une tonalité nettement pessimiste faisait entendre son sinistre bourdon, parfois troué des éclairs de lumière bienvenus d'un sens de l'humour tout britannique.

En revanche, c'est dans un climat nettement moins orageux que s'est tenue la traditionnelle table ronde des présidents des principaux groupes hôteliers. Face aux propos précédents, l'heure est à l'optimisme et au volontarisme. Tous ont rappelé que 2011 avait été une bonne année, et que 2012 semblait s'inscrire dans une dynamique proche. Optimisme, oui, naïveté, non. Les intervenants interrogés restent lucides : "l'augmentation du chômage, le ralentissement de la croissance, le fossé qui se creuse entre les gens aisés et les autres, sont une réalité" a rappelé Hubert Joly. Parallèlement, a-t-il relevé néanmoins, les classes moyennes augmentent dans le monde, entraînant une progression importante du nombre de voyageurs. À cette clientèle loisirs en pleine croissance s'ajoute, comme l'ont clamé de concert l'ensemble des décideurs présents, une clientèle affaires qui gagne du terrain. Voilà autant de facteurs qui expliquent les résultats tout à fait satisfaisants en 2011 d'IHG, de Carlson Rezidor, d'Accor, de Choice ou Starwood.

"Penser local"

L'augmentation du nombre de voyageurs, notamment dans les pays émergents, a contraint les hôteliers à revoir leur stratégie. Un phénomène particulièrement prégnant notamment en Chine, qui a vu son marché domestique croître à vitesse grand 'V'. Alors si certains groupes ont décidé de 'délocaliser' des dirigeants sur place pour mieux cerner le marché, d'autres, comme Accor, ont choisi de créer une marque uniquement dédiée au marché domestique, Grand Mercure. Cet hôtel haut de gamme, déclinaison de la marque Mercure, est revu et corrigé 'à la mode chinoise'. "Il nous faut désormais penser local et non international", tranche Denis Hennequin, p.-d.g. du groupe. Une réflexion qui n'est pas sans conséquence quand on sait que 45 % du pipeline se trouve en Asie Pacifique. Chez Carlson, 70 % de son portefeuille s'y trouve dans des pays émergents.

Mais c'est aussi l'évolution du comportement des voyageurs qui pousse les entreprises à innover. C'est ce que devait rappeler Frits van Passchen, président de Starwood Hotels & Resorts : "le numérique est en train de bouleverser le monde, déclare-t-il. Depuis les classes moyennes jusqu'aux couches les plus élevées de la population, tout le monde est connecté."

"Valeurs sûres"
Alors pour s'adapter, les groupes renforcent leurs marques voire en développent d'autres. Choice cherche surtout à aller vers une meilleure qualité des marques. "Les clients se réfugient dans des valeurs sûres, même sur du low-cost", précisait Steve Joyce, président de Choice. Quant à Richard Solomons, du groupe IHG, sa stratégie consiste non seulement à monter en gamme, en faisant sortir du réseau les hôtels non conformes mais aussi à miser sur de nouvelles marques plus tendances. Ainsi, après avoir lancé Indigo, qui peine encore à s'ancrer dans le paysage hexagonal en France, le groupe lance la marque Even, "entièrement dédiée au bien être", a précisé le p.-d.g. d'IHG, "car nous sommes convaincus que nous sommes sur une tendance lourde, et que même une marque milieu de gamme peut offrir des services bien être". Quant au groupe Accor,  la stratégie 2012 va consister à donner avant tout plus de lisibilité aux marques.

Publié par Évelyne de Bast



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