Alexandre Gauthier, La Grenouillère : “On veut rouvrir au printemps. Cet hiver, c’est impossible”

La Madelaine-sous-Montreuil (62) Submergé par les crues qui ont durement touché le Pas-de-Calais, le restaurant étoilé doit désormais se relever. Entretien avec son chef, Alexandre Gauthier.

Publié le 24 novembre 2023 à 09:55

Inondé par les crues qui ont frappé le nord de la France début novembre, le restaurant La Grenouillère, à La Madelaine-sous-Montreuil (Pas-de-Calais), passe désormais à l’offensive. Son chef et propriétaire, Alexandre Gauthier, nous décrit la situation.

Se remettre des inondations, mais sans urgence

“On a pris 77 cm d’eau dont 45 cm qui sont restés pendant huit jours. Le sol, les équipements, le mur… Tout est trempé”, décrit Alexandre Gauthier. Cette ferme du XVIe siècle, qui l’a vu grandir et qu’il a repris en 2003, a rarement eu affaire à un tel déluge.

Bien que les conséquences des inondations se fassent encore sentir, l’heure est au bilan et aux initiatives. “On nettoie tout, on rince ce qu’on peut rincer. Il faut assainir la maison et espérer que ça ne se reproduise pas cet hiver. Mais surtout, il ne faut pas reconstruire dans l’urgence pour ne pas dénaturer un lieu qui a autant d’âme.”

Problème : l’hiver risque de ralentir l’asséchement. “Il y a encore de l’eau dans la salle de petit déjeuner et dans les chambres, la pluie continue. La cuisine est morte et la partie historique de la ferme, qui est en torchis, est presque en train de s’écrouler.” Malgré le contexte, l’objectif est clair : “On veut rouvrir au printemps, cet hiver c’est impossible.”

“Ce qui est difficile, c’est l’impact collatéral”

En attendant la fin des travaux, l’équipe de La Grenouillère est au chômage technique ou aide au nettoyage. “Ce qui m’inquiète, c’est conserver mon équipe, conserver l’énergie de l’équipe, admet le chef. Ça nous ralentit sur plein de sujets. On est une maison ambitieuse avec une course à une étoile supplémentaire et une programmation dans le 50 Best Restaurants. Ce sont des jurys et des inspecteurs qui ne viendront pas nous voir…”

Mais le plus difficile pour le chef, c’est surtout l’impact local : “Les maraîchers, les fermiers, les pêcheurs… Tous ces producteurs à qui, pendant des mois, on ne va pas acheter de produits, qui comptent sur nous pour vivre… C’est un impact collatéral qui m’inquiète parce que ce sont des gens que j’aime et ils vont devoir faire sans nous cet hiver.”


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Publié par Ingrid BOINET



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