Alain Ducasse : La seule réaction possible est d'agir, c'est-à-dire de se mobiliser, tous ensemble. D'être imaginatif dans les solutions en faveur du tourisme et persévérant dans leur mise en oeuvre. Améliorer la place de la France dans le classement du tourisme n'est pas une affaire abstraite de PIB ou autre. C'est une question très concrète d'emplois qui pourraient être créés dès demain et le pays en a terriblement besoin.
Quand on observe les politiques volontaristes de certains pays qui misent sur la gastronomie pour dynamiser leur attractivité, ne pensez-vous pas que la France pourrait faire plus ?
Bien sûr que nous pourrions faire plus. La France possède un potentiel immense dans le tourisme en général et la cuisine en particulier. Si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, c'est clairement parce que nous ne faisons pas assez pour les exploiter.
Que proposez-vous ?
Lorsque Laurent Fabius, à l'époque ministre des Affaires étrangères et du Développement international, a lancé les premières assises du tourisme en novembre 2013, j'ai salué cette initiative et j'ai contribué aux travaux du Conseil de promotion du tourisme mis en place l'année suivante. Récemment, le Collège culinaire de France, que j'ai l'honneur de coprésider avec Joël Robuchon, a fait des propositions précises. Pour l'essentiel, nous proposons de créer une haute autorité qui donnerait, de façon pérenne, l'impulsion à un vaste éventail d'actions destinées à la promotion du tourisme. Il s'agit de disposer d'une structure dont les compétences sont transversales, à l'instar par exemple de ce qui est fait pour les politiques des villes ou de santé publique.
Mais il ne faut pas penser que la solution viendra exclusivement de la puissance publique. Pour redonner au tourisme la place qui lui revient, nous avons aussi besoin d'encourager entrepreneuriat et de donner de l'attractivité aux métiers du tourisme. Cela nécessite de réfléchir à la formation et de changer nos mentalités. Le tourisme français ne se développera que si tous les Français, ceux travaillant dans le secteur mais aussi l'ensemble de la population, comprennent que bien accueillir les visiteurs est absolument crucial.
Ces mesures pourraient-elles avoir des effets positifs rapidement ?
Je pense qu'un coup d'accélérateur institutionnel peut avoir rapidement des effets bénéfiques tant en matière de retombées que d'attractivité et de confiance pour les acteurs du tourisme.
mardi 14 mars 2017