Chaque année, la même difficulté se présente pour les employeurs du secteur CHR : comment recruter des saisonniers si l’on n’est pas en mesure de les loger ? Certains employeurs investissent de façon conséquente pour héberger leurs salariés, mais tous ne sont pas en capacité de le faire. Le Gouvernement s’est saisi du sujet en publiant une feuille de route 2023-2025 comprenant 15 engagements - dont huit sur le logement - afin de mieux “accueillir, orienter et accompagner vers l’emploi les travailleurs saisonniers”. Sur le terrain, les collectivités territoriales multiplient et développent des solutions afin de répondre aux différents besoins.
Des chambres via les Crous et les internats des lycées
En 2023, en partenariat avec les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) d’Aix-Marseille-Avignon et de Nice-Toulon et l’Umih locale, la Région Sud lançait une expérimentation. Autour de Nice, Cannes et Toulon, 350 chambres, studios et T1 étaient disponibles pour des saisonniers, à partir de 360 € par mois. Pour la saison 2024, le dispositif est reconduit et amplifié avec 1 000 logements (500 dans chacun des Crous). Par ailleurs, un peu partout en France, des internats de lycées ouvrent l’été. À Dinard (Ille-et-Vilaine) par exemple, grâce à une convention passée entre la commune, l’Éducation nationale et la Région Bretagne, les chambres du lycée hôtelier peuvent être louées. L’Umih logement Côte d’Émeraude, en charge de la gestion locative, propose également des meublés mis à disposition par les communes ou loués par des particuliers.
Inciter les particuliers à louer
Via sa solution ‘Louez l’été’, la station balnéaire des Sables d’Olonne (Vendée) veut inciter les propriétaires de chambres ou studios à les louer à des saisonniers à prix maitrisés. Ils bénéficient en outre d’avantages (enveloppe pour des travaux, prime). “Les gisements de logements privés vacants sont énormes. Beaucoup de studios-cabines en littoral ne sont pas utilisés. Action logement déploie le nouveau dispositif ‘Louer pour l’emploi’ - coordonné avec les communes - afin de convaincre les propriétaires de louer par notre intermédiaire. Nous offrons une garantie de paiement du loyer, une garantie en cas de dégradation, et un prêt à bas taux pour rénover le bien”, détaille Pierre Souloumiac, directeur régional adjoint d’Action logement Occitanie. Par ailleurs, l’opérateur historique du logement social expérimente la cohabitation intergénérationnelle saisonnière, via des associations comme Cohabilis.
Des résidences pour les saisonniers à prix modéré
Action logement dispose également de logements temporaires meublés pour les moins de 30 ans et les salariés en mobilité professionnelle. Sa filiale La Cité jardins a, par exemple, réhabilité des bâtiments à Port-Barcarès et à Agde, dans le Sud, pour louer des meublés (à partir de 271 € par mois), éligibles aux aides Action logement. L’organisme a lancé le 8 avril une plateforme dédiée (www.actionlogement.fr/logement-temporaire) afin de faciliter les recherches. On y trouve des hébergements sur les régions pilotes du projet - l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et l’Île de France - mais à terme, l’offre sera nationale. Dans d’autres cas, les collectivités doivent mettre directement la main à la poche afin de s’assurer de la venue de travailleurs. À Châtel en Haute-Savoie, la commune a racheté un ancien hôtel pour le transformer en résidence totalisant 14 studios meublés. Et un peu partout en France, des logements gérés par les CCAS sont mis à disposition pour les saisonniers.
Habitats modulaires : une solution rapidement opérationnelle
Les habitats modulaires restent une solution intéressante pour répondre à une pénurie de logements. Podeliha, filiale d’Action logement, a déployé sa solution Habiflex à la Baule (Loire-Atlantique). Dans un ancien camping municipal, 31 logements destinés aux saisonniers ont été installés en 2023. Une seconde tranche est à l’étude pour 2025. En Normandie, la CCI Ouest a lancé, en partenariat avec une vingtaine d’entreprises, un projet pilote de village saisonnier à Barneville-Carteret, regroupant des chalets sur pilotis. L’offre devrait être opérationnelle en 2025. Désormais, de plus en plus de partenariats publics-privés émergent entre les collectivités et les entreprises.
Publié par Laetitia BONNET-MUNDSCHAU