L'hôtellerie montpelliéraine cherche un second souffle

L'Hôtellerie Restauration : Comment évolue le caractère identitaire de l'agglomération ?

Jean-Yves Proust : 'Montpellier la surdouée' des années 1990 a fait place à 'la ville à vivre' des années 2010-2015. On perçoit très bien aujourd'hui la volonté des acteurs locaux de mettre en avant l'architecture de la ville qui se veut un trait d'union entre le coeur historique médiéval et de nouveaux bâtiments résolument modernes avec la signature de grands noms de l'architecture. La ville constitue ainsi une sorte de show-room de l'architecture mondiale.

De plus, le musée Fabre avec ses expositions temporaires constitue l'un des plus grands musées des beaux-arts en Europe. Lieu emblématique de l'histoire de la médecine à Montpellier, La Panacée représente aujourd'hui un lieu d'art et de création. Cité vitrine pour l'art, Montpellier est aussi une ville sportive accueillant régulièrement des événements majeurs. Les nouveaux équipements comme l'Arena cherchent également à attirer, grâce à des programmations de vedettes internationales, de nouvelles clientèles.

 
Comment se porte l'hôtellerie ?

La crise a frappé de plein fouet le tissu économique constitué majoritairement de PME. Les budgets des entreprises se sont également réduits. Parallèlement, l'arrivée de plus de 400 chambres en majeure partie sur le segment 4 étoiles a contribué à déstabiliser le marché avec notamment un Crown Plaza Corum de 146 chambres et un Courtyard by Marriott de 123 chambres. Cet effet de ciseaux nuit à l'activité hôtelière à court terme mais crée des conditions favorables à moyen terme pour le développement de congrès et de grands événements nationaux, voire internationaux. En effet, la présence d'hôtels de grande capacité et de niveau 4 étoiles est, en règle générale, fortement demandée par les clientèles de congrès et par les décideurs en matière de programmation événementielle. La baisse de fréquentation et la baisse du RevPAR (entre - 2 et - 6 % selon les catégories) sont une réalité pour toutes les catégories depuis début 2013 et inquiètent à juste titre les hôteliers.

 
Quel est le niveau de l'hôtellerie et comment les exploitants appréhendent-ils l'arrivée des nouvelles normes en matière d'accueil des clientèles en situation de handicap ?

L'hôtellerie de l'agglomération est globalement de bon niveau même si une dizaine d'établissements sont plutôt en retrait. Cette mise à niveau a néanmoins dû être financée à travers un endettement supplémentaire, ce qui pourrait poser problème à de nombreuses entreprises si la demande de la clientèle d'affaires continuait à baisser. La demande loisirs et agrément est restée stable entre 2012 et 2011. Concernant les normes entrant en vigueur en 2015, des réflexions et des études ont été menées par certains hôteliers mais bon nombre pensent encore y échapper provisoirement.


Quels sont donc les enjeux pour l'hôtellerie de l'agglomération montpelliéraine ?

Côté demande, l'un des enjeux tient à renforcer l'identité de la ville comme destination 'city-break' et à développer de façon régulière des événements favorisant les flux touristiques tout au long de l'année. Par ailleurs, la maîtrise de la croissance de l'offre - et donc de nouvelles implantations - est indispensable pour permettre au marché d'absorber les chambres construites en 2011 et 2012. Le schéma hôtelier en cours doit ainsi favoriser un étalement des nouveaux projets ou pour le moins informer les investisseurs sur l'état du marché. Plus de 280 chambres de niveau 3 étoiles sont pourtant annoncées pour l'année 2014 avec notamment les enseignes Campanile, Golden Tulip et Ibis Styles. Leur impact sera à surveiller de près ainsi que les développements éventuels dans le secteur des résidences de tourisme.

Avec nos remerciements à l'office de tourisme, la CCI de
Montpellier et le Synhorcat