Le parcours
d'Ibrahim Khalil (21 ans) ne ressemble à aucun autre, notamment grâce à sa forte
volonté d'apprendre et de s'accomplir. Le jeune homme est arrivé seul en France à 17
ans et demi après plusieurs semaines de voyage depuis Comilla, au Bangladesh,
d'où il est parti par l'intermédiaire d'un passeur. Grâce à la Croix-Rouge, il
est logé dans un foyer à Montmorency (Val-d'Oise) et entre en lycée général, tout en
prenant des cours de français. Pour pouvoir "voyager et travailler partout
dans le monde"" il choisit la voie de la cuisine et s'inscrit en bac pro
au CFA Médéric (Paris XVIIe). Il intègre le groupe Marriott, travaille d'abord
au Courtyard d'Arcueil (Val-de-Marne), puis au Renaissance Paris Vendôme (Paris, Ier).
Ibrahim Khalil est à l'aise avec les produits : "Au Bangladesh,
les familles disposent souvent d'une parcelle où cultiver leurs légumes et d'un petit
élevage de poissons. On garde une partie de la production et on vend le surplus. Je me souviens toujours des premières récoltes de concombre ou de courgettes qu'on a partagées
avec les proches. J'ai également travaillé dans les rizières avec mon père.
Cela fait partie de l'éducation."
Attiré par les
concours
En septembre
dernier, il remporte le concours un des meilleurs apprentis de France en
cuisine froide, grâce à ses professeurs du CFA qui ont contribué, dit-il, à son
excellente préparation. "Et cela donne du crédit, cela montre que l'on
sait travailler et ce que l'on sait faire et créer". Avec Jean-François
Girardin (président de la Société nationale des MOF), il participe à des
événements et des démonstrations où il rencontre beaucoup de MOF, tout en
travaillant dans les cuisines du Café de l'Homme (Paris XVIe).
En mars dernier,
c'est le trophée Restaurateur des Rabelais des jeunes talents qui lui est remis.
Depuis, Ibrahim Khalil est très sollicité, en raison de son
parcours et de sa religion, ce qui le fait sourire. "Il faut d'abord que cela me plaise et que je me
sente légitime." Pour l'instant, il continue d'apprendre,
notamment de ses amis marocains et espagnols avec qui il cuisine au Foyer de
jeunes travailleurs où il habite. Et après l'été, ce sera au Royal Monceau
(Paris VIIIe), dans le cadre de son BTS, qu'il apprendra encore. Pour ouvrir
son restaurant, passer le concours MOF ? Il y pense...
Publié par Caroline MIGNOT