Sur l'enseigne de la grande pagode Chinagora située en front de Seine figure désormais le nom Huatian Chinagora, son nouveau propriétaire qui en exploite le fonds depuis 2010. Le groupe souhaite faire de cet établissement son hôtel phare à Paris. Le nouvel arrivant chinois en France, est loin d'être un inconnu en Chine. Originaire du Hunan, le groupe Huatian Hotel Group Ltd. s'est diversifié dans les activités touristiques tout en gardant une branche industrielle spécialisée dans les circuits électroniques. Créée en 1985, la société possède ou gère 60 hôtels en Chine en 4 et 5 étoiles toujours classés dans le top ten des hôtels chinois, ainsi qu'une des agences réceptives à Wuhan. En reprenant en mandat de gestion de l'hôtel Chinagora à Paris, le président de Huatian, Chen Jiming exporte pour la première fois son savoir-faire à l'étranger. Un savoir-faire reconnu puisque le groupe est désormais classé parmi les 300 qui comptent au niveau international.
25 M€ d'investissements
S'appuyant sur cette notoriété, Chen Jiming entend faire de cet établissement la vitrine de l'hospitalité et de la gastronomie chinoise en France : "Nous souhaitons monter en gamme en apportant le confort et le service attendu pour atteindre les catégories les plus élevées", a-t-il déclaré. Un vrai challenge pour ce complexe de 12 400 m2 pour 44 000 m2 habitables, répartis sur cinq bâtiments, avec jardin intérieur de 200 m2 créé en 1989 par un Pékinois, et qui avait besoin d'un rafraîchissement voire d'importants travaux de remise aux normes. Pour atteindre l'objectif du haut de gamme, le groupe chinois lance dès 2012 une première tranche de travaux pour la somme de 25 M€. Le restaurant Hunan, qui possède 144 places assises, et ses cuisines font partie de cette première tranche. Le nouveau chef chinois, et sa brigade de 20 personnes vont désormais servir une cuisine gastronomique traditionnelle chinoise, dédiée à toutes les provinces.
Ont également été inclus dans la rénovation : la salle des banquets, la création de six petits salons privés pouvant recevoir entre 10 à 20 personnes, avec salles d'eau privatives et cuisine dédiée à l'étage. Dans cette première tranche de travaux figurent aussi la rénovation d'une partie des chambres avec la création de quelques juniors suites. L'ensemble destiné à plaire à une clientèle mixte, chinoise et européenne, est d'allure très contemporaine mais empreint de culture chinoise au travers des tissus (de la soie par exemple) des meubles, des dessins stylisés reprenant des idéogrammes, et des tableaux illustrant les différentes provinces de Chine dans les salons, le tout dans des tons de beige, d'ivoire et d'acajou, loin des couleurs traditionnelles.
Création d'emplois
Une deuxième tranche de travaux, d'un montant équivalent, démarrera début 2013, et sera consacrée à la rénovation de la partie 'centre commercial'. Elle permettra la création de suites royales, d'une salle polyvalente, la rénovation du jardin, véritable bijou de Chinagora devenu un lieu mythique pour les mariages, toutes nationalités confondues, et où le cuisinier aimerait bien y cultiver un espace de plantes aromatiques. La rénovation de Chinagora et sa montée en gamme ont également permis la création d'emplois. Lors de l'acquisition en 2010 (le restaurant étant fermé depuis six ans) il y avait 30 personnes. L'hôtel emploie maintenant 80 personnes, et envisage de recruter dans les deux ans qui viennent une centaine de personnes pour répondre à ce souci constant du président "d'élever le standing de l'hôtel".
Misant sur une clientèle individuelle encore peu présente (entre 5 à 10 %) le président de Huatian, estime qu'à terme elle devrait être aussi importante que la clientèle groupe. Par ailleurs, il souhaite faire venir plus d'européens à l'hôtel, estimant que l'hôtel devrait accueillir 70 % de Chinois et 30 % d'autres nationalités tandis qu'au restaurant la proportion sera de 60 % de Français et 40 % de Chinois. "Nous tenons à faire de ce lieu un haut lieu de la gastronomie chinoise", déclare son président. Si Chinagora est une première expérience hors du sol chinois, l'ambition de Chen Jiming ne s'arrête pas là. "Nous aimerions avoir un établissement dans le centre de Paris, voire sur Cannes pour ce qui concerne la France, et pour l'Europe nous visons d'abord l'Italie ou la Belgique." Mais rien n'est joué. Le président de Huatian examine tous les projets : "Qu'il s'agisse de l'achat pur et simple d'un hôtel ou de la reprise en gestion d'un bâtiment existant. Tout est possible. Il suffit de s'entendre sur les conditions."
Publié par Évelyne de Bast
