De la carrière de son père architecte, Caroline Tissier se souvient avoir été impressionnée par sa participation aux réparations de la statue de la liberté à New York dans les années 1980. Elle qui a toujours dessiné choisit cependant une autre voie, des études de droit, avant de travailler comme guide-interprète. Le temps du changement arrive à 28 ans quand elle s'inscrit à l'école Boulle (Paris, XIIe), école des métiers d'arts, de l'architecture intérieure et du design.
Le jeune femme débute par le design de meubles contemporains, puis entre en agence comme architecte d'intérieur et décoratrice et travaille sur des projets dans l'hôtellerie-restauration. Le premier qui attire l'attention, c'est le restaurant Akrame d'Akrame Benallal, en 2011. Un peu plus tard, elle fait le grand saut et crée son agence à son nom. Par le biais du bouche-à-oreille et des relations d'amitié entre chefs, elle collabore avec David Toutain, Christophe Hay, Shawn Joyeux et Toshitaka Omiya, Raphaël Rego…
Ne pas déstabiliser les clients
Pour Caroline Tissier, les clients qui entrent dans un restaurant ou un hôtel doivent avoir des repères. "On ne peut pas échapper à certaines tendances quand on ouvre un lieu public", affirme l'architecte qui évoque l'influence actuelle des styles art déco, industriel, bistrotier ou campagne chic. "Je suis pour le mixage des styles et des matières. Je pense qu'il ne faut pas trop déstabiliser les clients avec un dépouillement à l'extrême ou au contraire de la surcharge. Cela reste une entreprise, les clients doivent se sentir bien et avoir envie de revenir. Ce ne peut être qu'un moment unique" explique-t-elle. Avant d'ajouter, "Je suis parfois impressionnée par les chefs de restaurant gastronomique qui veulent mettre des chaises de bistrot. À les écouter, les clients n'en sont pas vraiment adeptes." Quand le budget le permet, Caroline Tissier peut dessiner les tables ou les appliques qui vont entrer dans un projet : "J'essaie d'offrir quelque chose de personnalisé." Elle travaille le plus possible avec des artisans et des artistes qu'ils soient métallier, céramiste, potier… "C'est idéal quand je peux aller jusque là et participer aux choix des arts de la table", ajoute-t-elle.
La maîtrise des normes techniques et des budgets
Avant cela, il y a la mise au plan et l'implantation du mobilier, la planche déco et les croquis d'ambiance, la réalisation de visuels photo réalistes en 3D et éventuellement les dessins techniques du mobilier sur mesure. Il arrive que l'architecte travaille sur l'agencement des cuisines. Elle connaît pour cela les nombreuses normes techniques : "Il faut que l'activité se passe bien, on étudie l'ergonomie du lieu et tout ce qui va simplifier le travail, pour que ce soit facile et logique pour les équipes". Pour un restaurant comme pour un hôtel, ce qui intéresse aussi Caroline Tissier, c'est le respect du budget. "Pour une ouverture ou une rénovation, il faut tout de suite l'intégrer et je trouve le défi passionnant à relever." Le prochain événement pour elle ? Le James Boutique Hôtel qui sera bientôt inauguré à Colmar (Haut-Rhin).
Publié par Caroline MIGNOT
mardi 4 octobre 2016