"On a l'impression de revivre l'épisode
de la guerre du Golfe en termes de résultat", s'exprime Jean-Paul
Lafay, président du Club des dirigeants de l'hôtellerie internationale et
de prestige à la lecture des résultats du premier semestre 2016. Car la situation n'est
pas brillante : sur les six premiers mois de l'année, palaces et hôtels 5
étoiles les plus prestigieux de la capitale ont enregistré une baisse d'activité
16 à 18 points de taux d'occupation, entraînant une baisse du RevPAR de 21,5 %
et une baisse de 25 % de chiffre d'affaires.
Une reprise stoppée net
Pour ceux qui avaient
enregistré une légère progression de la fréquentation en mai et juin, l'attentat
de Nice a donné un coup d'arrêt à la reprise. "En un jour, nous avons
perdu 66 000 € de chiffre d'affaires uniquement en raison des départs
précipités", explique François Delahaye, directeur du Plaza Athénée, à Paris.
Et le pire pourrait être à
venir car les réservations ne reprennent pas. "Nous naviguons à vue pour août."
Si certains comptaient sur la venue de riches Brésiliens, désireux d'éviter
les Jeux olympiques à domicile, ils en sont pour leurs frais. "Nous
n'avons à ce jour pas de clients russes depuis le début de l'année, ni nord-américains
en raison de l'état d'urgence, ni brésiliens", déclare encore ce
directeur de palace.
La restauration gastronomique tire son épingle du jeu
Les taux d'occupation se
situent autour de 60 % (au lieu de 80 % traditionnellement !),
mais la situation est totalement différente en restauration. Les restaurants fonctionnent bien, et
pas seulement avec la clientèle française. Car pour le directeur de palace, le
phénomène Airbnb concerne
aussi les catégories de luxe et s'est même amplifié avec les attentats. "Les
clients préfèrent louer un appartement de prestige où ils se sentent plus
rassurés que dans un hôtel. En revanche, ils ne se privent pas d'aller au
restaurant.
Pour autant, malgré ces
résultats, pas question d'envisager de baisser les prix moyens ni même de
supprimer des postes. "En faisant cela, nous aurions des
répercussions sur la qualité du service que devons à nos clients. En
revanche, cette perte de chiffre d'affaires va rogner nos marges, et
aura pour conséquence de
rallonger le retour sur investissement."
Publié par Catherine AVIGNON