La mise en place de la mutuelle, bien qu'elle fût essentielle dans le cadre des négociations sociales et reste, en soi, un vrai plus pour les salariés, n'a pas été, sur le terrain, le levier de recrutement attendu. Les actions qui ont et favorisent le recrutement dans l'hôtellerie et la restauration sont portées en grande partie par la formation, même si, aux yeux des professionnels, trop de jeunes quittent le secteur après l'obtention de leur diplôme. Si l'apprentissage n'est pas au mieux de sa forme, le permis de former, voulu par la profession pour sensibiliser les tuteurs, donne pourtant des résultats. « C'est un peu comme le permis d'exploitation. Avant de suivre la cession, le professionnel a l'impression qu'il perd son temps et ne va rien apprendre. Or, après coup, il prend conscience que le contenu est enrichissant et lui permet de mieux appréhender le rôle qui lui est confié » constate un formateur d'Umih Formation. Les aides lancées par l'Etat, comme les emplois d'avenir (qui concernaient davantage le public) ou les contrats de génération (à destination des séniors), n'ont pas amené grand-chose. Quant aux Embauches PME, il est un peu tôt pour en connaître l'impact. Certaines mesures portent leur fruit sur la durée uniquement. Vincent Sitz, président de la commission Emploi, Formation, Handicap du GNI- Synhorcat, évoque notamment le dispositif POEC (préparation opérationnelle à l'embauche collective) qui permet de combler l'écart entre les compétences détenues et celles que requiert l'emploi (Pôle Emploi/Opca Fafih). « Le candidat bénéficie d'une formation courte, spécifique, dans des métiers en tension comme les employés d'étage, les serveurs, les commis de cuisine. Il bénéficie en outre d'un nombre d'heures (plus de 120) en entreprises qui lui permet de passer un cap et de comprendre les attentes du poste. Ici, les organismes de formation jouent aussi le rôle du grand frère : comment s'habiller quand on va se présenter devant un employeur, l'importance du CV, etc…) ». Le secteur connaît ses inconvénients : coupures, pics d'activités, horaires décalés, travail le week-end… Les salaires sont-ils à la hauteur, la question revient aussi quand on parle recrutement ? « Des efforts ont été faits. En dehors de la grille, le cas par cas est plus intéressant. Un bon salarié, on a envie de le garder » confie un chef d'entreprise. La profession s'est penchée sur le bien-être de ses salariés, sur la pénibilité, sur l'aménagement des postes. « Il y a eu une vraie prise de conscience, mais qui n'est pas assez mise en avant par la profession débordée par les normes ou la concurrence déloyale » estime un hôtelier. La méconnaissance des métiers (plus de trente dans l'hôtellerie et la restauration d'après le répertoire sectoriel des métiers) est également pointée du doigt.
Publié par Sylvie SOUBES
vendredi 13 mai 2016