L'Hôtellerie Restauration No 3784

N° 3784 28 octobre 2022 page 14 Le SO/ Paris, un hôtel tourné vers la mode et les arts

Laurent Petit transmet son restaurant et ouvre un nouveau chapitre RESTAURATION N° 3784 28 octobre 2022 page 14 10 22 Carole Grandjean : “L’apprentissage des personnes en situation de handicap doit être renforcé” FORMATION 16 Prime de partage de la valeur : explications JURIDIQUE 18-19 Contrôle d’hygiène et de police : préparer son discours pour éviter les débordements NÉGOCIATION Le SO/ Paris, un hôtel tourné vers la mode et les arts

“Nous sommes de plus en plus sensibles au local, au sourcing des matériaux, à l’écoresponsabilité”, observe Laurent Maugoust, architecte d’intérieur et designer qui participe à la réalisation d’un espace consacré à la chambre dans l’édition 2022 du salon EquipHotel. Un espace qu’il conçoit tel “un manifeste” pour interroger notamment sur la conception écoresponsable. Une priorité désormais dans ses projets et chantiers liés à l’univers des CHR. Parce que c’est bon pour la planète, mais aussi parce que les clients y sont de plus en plus sensibles. Selon une étude Greet-Opinion Way de mai 2022, “plus de 8 Français sur 10 sont prêts pour l’hôtellerie circulaire”. Parmi leurs priorités, ils citent la lutte contre le gaspillage alimentaire (69 %), l’approvisionnement local en produits alimentaires de l’hôtel (64 %), le recyclage des déchets (48 %), ou encore le choix de matériaux durables dans la construction de bâtiment (36 %). Éco-conception : former et informer Pour réussir sa transition écologique, le premier réflexe consiste à former ses équipes. Parler RSE, environnement et bons réflexes pour la planète devient aussi une évidence lors des entretiens d’embauche, car les jeunes générations y voient un élément d’attractivité. L’idée étant d’établir, en interne, un engagement commun et inciter ainsi à s’approprier quelques bons gestes, tel que trier les déchets, limiter l’utilisation du papier, éviter le plastique… Un parti pris qui, ensuite, va faciliter la pédagogie vis-à-vis des clients. Matériaux : faire le bon choix Adopter une ‘green attitude’, c’est aussi repenser ses matières premières en termes de construction ou de rénovation. Architectes et designers misent volontiers sur du naturel, du solide, du lavable, du recyclable. Et les fournisseurs s’adaptent. Dans les allées du salon EquipHotel, on trouve aussi bien des tissus d’ameublement composés à 100 % de déchets plastiques recyclés (Vescom) que de Que l’on bâtisse ou que l’on embellisse son établissement, l’heure est à l’éco-conception. Matériaux, peintures, papiers peints… rien ne doit être laissé au hasard par les professionnels des CHR. Car les clients sont en attente de signes d’engagement dans le durable, thème au cœur de l’édition 2022 du salon EquipHotel. ÉDITO La pénurie de carburant plombe les réservations Alors que les vacances de la Toussaint débutaient le soir même, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, annonçaient, le 21 octobre, avoir demandé aux préfets de mettre fin aux arrêtés préfectoraux de rationnement dans les stations-services. Ils ajoutaient que les stations-services sur les autoroutes et les routes nationales les plus fréquentées dans le cadre des départs en vacances seraient desservies en priorité. “Je ne vais pas vous dire que la situation sera à 100 % réglée pour les départs en vacances, mais les Français peuvent partir confiants”, assurait de son côté Elisabeth Borne, la Première ministre. Pas sûr toutefois que ces propos suffisent à rassurer la population. Si effectivement, il y a moins de difficultés d’approvisionnement, la situation est toujours tendue dans certaines régions comme l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Bourgogne-FrancheComté. Nombreux sont ceux qui préfèrent renoncer à un départ en vacances, et on ne peut que les comprendre. La perspective de devoir patienter deux heures (ou plus) pour remplir leur réservoir à l’aller, couplée à l’éventualité de ne pas trouver d’essence au retour a de quoi en décourager plus d’un. Les hôteliers ont déjà constaté une chute des réservations et des annulations en cascade. “Quand il n’y a plus de mobilité, il n’y a plus d’activité”, résume Roland Héguy, ancien président confédéral de l’Umih. Un nouveau coup dur pour la profession. Un commentaire à propos de cet édito ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR072474 Abonnements 01 45 48 45 00 abo@lhotellerie-restauration.fr Service Emploi & Annonces 01 45 48 64 64 pa@lhotellerie-restauration.fr Rédaction 01 45 48 48 94 redaction@lhotellerie-restauration.fr Publicité 01 45 48 55 85 pub@lhotellerie-restauration.fr 5 rue Antoine Bourdelle - 75737 Paris Cedex 15 - Fax : 01 45 48 04 23 web + mobile lhotellerie-restauration.fr SUIVEZ-NOUS Application mobile Ce numéro est composé de 44 pages dont une Surcouverture recto verso FERMOBVLAEMYNCK Imprimeur : Roularta Printing - Meiboomlaan 33, B-8800 Roeselare Origine du papier : Belgique Taux de fibres recyclées : 100 % Certification : PEFC - Eutrophisation : Ptot 0,0071 kg/tonne Éditeur : SAS SEPT - Dépôt légal à parution ISSN : 2117-8917 Commission paritaire n° 0925T79916 Directeur de la publication : O. Milinaire Prix au n° : 0,77 €/temporairement 1,54 € (hebdomadaire/temporairement quinzomadaire) De l ’info, des métiers, des passions Construction et rénovation : s’ouvrir au vert “Si on est ‘Green’, on l’est de la démolition jusqu’au livrable. Ce qui induit un raisonnement différent dès le départ”, prévient Chloé Nègre, designer et architecte d’intérieur. Dès 2014, pour chacun de ses établissements, le groupe hôtelier Eklo a misé sur une ossature bois et des panneaux photovoltaïques. © DR © LAURENCE REVOL Anne Eveillard Pascale Carbillet LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE 2 L’Hôtellerie Restauration N° 3784 - 28 octobre 2022 IMAGES DE UNE : © GAELLE LE BOULICAUT - © MATHIEU CELLARD - © DR - © GETTYIMAGES

3 28 octobre 2022 - N° 3784 L’Hôtellerie Restauration la peinture naturelle (Ressource), où les résines pétrochimiques sont remplacées par des résines d’origine végétale ou minérale telles que l’argile, la chaux ou l’huile végétale. Quant aux sols, ils se parent de matériaux innovants. À l’instar de la collection Dolce Vita (Balsan) : il s’agit de dalles textiles made in France et écoresponsables, car composées de fil à 75 % recyclés et pourvues d’un envers Ecosoft qui compte 90 % de feutre recyclé et 0 % de bitume. Combien ça coûte en plus ? Comparé à un établissement classique, un hôtel ou un restaurant conçu dans une logique responsable et durable coûte plus cher à bâtir. Un surinvestissement de 20 à 30 %, lié notamment à la pose de panneaux photovoltaïques. Toutefois, au regard des économies d’énergie réalisées, ce surcoût est amorti en moyenne en cinq ans. Par ailleurs, des aides financières existent. Exemple : le fonds de tourisme durable de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) dispose d’une enveloppe de 50 M€ pour l’année 2022. Les PME et TPE du secteur de l’hôtellerie-restauration installées en zone rurale peuvent postuler pour obtenir un soutien financier, plafonné à 10 000 €. Ce coup de pouce vise à faciliter la concrétisation d’un projet en lien avec la transition écologique ou le slow tourisme. À qui demander conseil ? Le dispositif européen Tourisme propose aux PME des ateliers de formation pour faire évoluer leur pratique, ainsi qu’un accompagnement en vue d’acquérir un écolabel. Quant à Betterfly Tourism, éditeur de solutions online et spécialiste de l’évaluation environnementale, il a imaginé le logiciel Winggy. Celui-ci permet de mesurer les impacts environnementaux d’un hôtel, un restaurant ou un spa, bâtir des plans d’action pour réduire les coûts et délivrer une étiquette environnementale, calquée sur le principe de celles accordées aux appareils électroménagers. “En entretien, ils demandent en premier lieu s’ils auront leur week-end.” Ce restaurateur du Loir-et-Cher se désespère. Il lui manque une dizaine de personnes en salle pour pouvoir assurer tous les services du déjeuner et du dîner. Alors, il puise dans le vivier du lycée hôtelier le plus proche. En vain. Il a pourtant ajusté le salaire qu’il propose, mais cela ne suffit pas. Quelques kilomètres plus loin, dans le flambant neuf La Borde en Sologne château & spa, hôtel 4 étoiles avec restaurant, situé dans le village de Vernou (Loir-et-Cher), le recrutement des équipes n’est pas terminé. Trois maisons voisines du domaine sont dédiées à l’hébergement des salariés. “Un véritable atout”, souligne Samuel Srouji, directeur du tout nouvel établissement. Avis partagé par Nicolas Decker. Le directeur et propriétaire de La Cheneaudière, Relais & Châteaux à Colroy-la-Roche (Bas-Rhin), en a fait l’un des avantages qu’il énonce lorsqu’il recrute : “Heures supplémentaires majorées, participation aux bénéfices, trois jours de repos par semaine, 13,5 mois de salaire, chèque-cadeau en fin d’année, comité d’entreprise, test de l’hôtel, du restaurant et du spa, atelier de coaching sportif, massage pour le personnel et possibilité de logement…” Sa liste est longue, mais pas toujours suffisante pour séduire, attirer et fidéliser la jeunesse. “Un jeune doit comprendre pourquoi il se lève le matin” “Il faut s’intéresser aux jeunes, pour les mettre à la bonne place au bon moment”, insiste Denis Courtiade dans son dernier ouvrage intitulé L’Hospitalité & le mentorat (Éditions BPI). Le directeur du restaurant gastronomique du Plaza Athénée, à Paris (VIIIe), ajoute : “Un jeune doit comprendre pourquoi il se lève le matin et ce que la journée de travail va lui apporter. À savoir : beaucoup d’humain.” Du côté des enseignants et des syndicats d’enseignants, on est conscient que de nouveaux messages sont à faire passer auprès des apprenants. “Des messages qui ne sont pas dans les livres de recettes”, constate Maël Le Bacquer. Le président de l’Ancrah - association qui réunit les CFA de l’hôtellerie et de la restauration - cherche à “faire évoluer les choses” : “Nous voulons former à un métier et pas à un diplôme.” D’autres parlent de moderniser les référentiels, les adapter aux attentes des professionnels pour faciliter l’intégration des jeunes une fois sur le terrain. Le chantier est ouvert. Les débats ne vont pas manquer, sur ce thème, à EquipHotel. Nicolas Decker, Maël Le Bacquer et Denis Courtiade participeront à des conférences ponctuées d’échanges avec les visiteurs. Conférence ‘Restauration : comment donner envie aux jeunes de travailler dans le secteur’, avec notamment des représentants de l’Aflyht, de l’Ancrah, d’Ecotbale et du LabAttractivité de l’École hôtelière de Paris-lycée Jean Drouant : dimanche 6 novembre de 15 heures à 15 h 45 sur le Talks Foodservice du salon EquipHotel, pavillon 4, Paris, porte de Versailles (XVe). Le travail en cuisine n’a jamais été autant médiatisé. Concours, émissions de télé, livres, réseaux sociaux… le public est au rendez-vous. Mais qu’en est-il des jeunes en apprentissage ? Faut-il revoir les référentiels ? Comment former sans démotiver ? Le débat s’ouvre durant le salon EquipHotel. Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR672272 Une question, un commentaire sur cet article ? www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR772342 Restauration : comment donner envie aux jeunes de venir travailler ? À Paris (XIVe), le Solar Hôtel s’est doté de panneaux solaires, qui produisent de quoi éclairer la façade et l’enseigne de l’établissement. © DR Les PME et TPE du secteur de l’hôtellerierestauration installées en zone rurale peuvent postuler pour obtenir un soutien financier, plafonné à 10 000 €.” © DR “Nous voulons former à un métier et pas à un diplôme”, explique Maël Le Bacquer, président de l’Ancrah. © JO PESENDORFER Nicolas Decker, directeur et propriétaire de La Cheneaudière, à Colroy-la-Roche, fait partie de ceux qui logent leurs salariés. Anne Eveillard Conférence ‘Construction et rénovation : s’ouvrir au vert’, avec JeanPhilippe Nuel, architecte et architecte d’intérieur, Chloé Nègre, architecte d’intérieur et designer, et Stéphane Vincent, cofondateur de la startup We Go GreenR : dimanche 6 novembre de 10 h 30 à 11 h 15 sur le Talks Architecture & Design du salon EquipHotel, pavillon 7.3, Paris, porte de Versailles (XVe).

4 L’Hôtellerie Restauration N° 3784 - 28 octobre 2022 Food Society, nouvelle offre de restauration XXL des Ateliers Gaîté PARIS Avec pour devise ‘à voir et à manger’, le nouveau food court de 3 500m², ouvert le 20 octobre, propose quinze comptoirs tenus par des chefs dont la réputation n’est plus à faire. Deux bars complètent l’offre, disponible 7 jours sur 7, du matin au soir. Depuis le 20 octobre, Paris dispose d’un nouveau food court de 3 500 m², au cœur du nouveau centre commercial des Ateliers Gaîté (XIVe). Food Society, situé à proximité de la gare Montparnasse, rassemble quinze (et bientôt seize) comptoirs de restauration, ainsi que deux bars, pouvant accueillir jusqu’à 1 000 personnes de 8 heures à 1 heure du matin du lundi au samedi, et 23 heures le dimanche. La promesse : “On peut venir à Food Society pendant plus de 200 jours et ne jamais manger la même chose” : une expérience unique, qui se définit comme le plus grand food hall d’Europe. Ce nouveau lieu a nécessité cinq années de travaux, et est le fruit du partenariat entre le créateur de concepts de restaurants Moma Group, l’opérateur de centres commerciaux UnibailRodamco-Westfield, l’exploitant Sidel et Virginie Godard, fondatrice du Food Market à Paris et créatrice d’événements culinaires. Leur ambition : réunir les meilleurs concepts en mettant en avant l’expérience gastronomique, l’événementiel et une scénographie forte, avec une devise : ‘À voir et à manger’. Une offre culinaire soigneusement sourcée Aux fourneaux, des chefs reconnus qui servent une cuisine 100 % faite maison, issue de produits en circuits courts, éthiques et durables. Parmi eux, Adrien Cachot, qui propose des spécialités du Pays basque et de la Gascogne en tapas, Mory Sacko et sa rôtisserie spécialisée dans la volaille, Fabrizio Ferrara et sa trattoria italienne, Abdel Alaoui et sa cantine marocaine, Victor Garnier et ses burgers “décadents” ou encore Margot Le Carpentier et ses cocktails (avec ou sans alcool) déjà popularisés dans le quartier de Belleville. La circulation au cœur de Food Society est conçue pour que le client s’y perde et y passe du temps, qu’il y vive une expérience différente à chaque visite. L’ambiance industrielle - tubulures apparentes, sol en béton, comptoirs bruts en ciment - est réhaussée d’une identité visuelle aux couleurs vives et d’une signalétique forte. Car le souhait de Virginie Godard est de valoriser la cuisine de rue et de “créer un lieu convivial sans limite d’âge ni de genre ou de catégorie sociale”. “Je suis allée chercher tout ce qu’on a envie de manger et ce à quoi on n’a pas pensé. Car un lieu comme celui-ci doit rassurer mais aussi faire découvrir de nouveaux horizons”, insiste-t-elle. Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR472418 Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR172445 LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE L’assemblée générale élective de l’Association française des Maîtres restaurateurs (AFMR) se déroulait cette année le 17 octobre au centre des congrès de Biarritz, et comptait 73 candidats pour l’élection du nouveau conseil d’administration - du jamais vu. L’atmosphère était électrique en cette matinée chargée d’enjeux : face au candidat Alain Fontaine, président sortant élu en 2019, et à sa liste, la candidate Valérie Pons espérait insuffler un vent de nouveauté. Elle comptait parmi ses soutiens d’anciens membres du conseil d’administration de l’AFMR, qui ont ouvertement exprimé leur mécontentement. Ils ont notamment reproché à l’ancienne équipe des “méthodes jugées opaques” et une défaillance de l’image et de la visibilité du titre auprès du grand public. Valérie Pons, à la tête du restaurant Le Fort à Montauban et de l’Umih 82, avait notamment axé son programme sur une communication large auprès du grand public. Promouvoir le titre auprès des français et à l’étranger “J’entends depuis quinze ans que le titre n’est pas connu, mais il l’est de plus en plus, et cela fait bien longtemps que nous communiquons”, a estimé Alain Fontaine, qui a mis en avant son bilan. “Nous avons augmenté la fréquentation des réseaux sociaux de l’AFMR, créé de nouveaux formats sur ces réseaux, lancé un compte TikTok pour cibler les plus jeunes et faire parler les apprentis. Nous avons également lancé le label World’s French Restaurant pour mettre à l’honneur la gastronomie française, et participé à des salons pour développer le titre dans les DOM-TOM”, a-t-il énuméré. “Notre liste n’est pas celle de la continuité, mais du progrès. Nous avons mené des combats difficiles depuis trois ans, et été à la hauteur de nos engagements envers les producteurs et les clients”, a ajouté Alain Fontaine, qui a revendiqué l’indépendance de l’AFMR et du titre. Le soutien de l’Umih à Valérie Pons était d’ailleurs un sujet de friction pour certains adhérents, qui redoutaient une éventuelle perte d’autonomie. Réélu, le président et son conseil d’administration (dont Valérie Pons fait désormais partie) pourront dérouler leurs projets : parmi eux, mettre en place un réseau de délégués régionaux, accentuer les contrôles pour lutter contre les fraudes au titre ou encore finaliser le partenariat en cours avec l’agence Atout France, qui permettra de mieux identifier le titre. Alain Fontaine réélu à la tête de l’Association française des Maîtres restaurateurs BIARRITZ Au terme de deux jours de congrès et d’une assemblée générale sous tension, le président sortant a été reconduit pour trois ans à la tête de l’AFMR. Les objectifs de l’équipe pour ce nouveau mandat portent entre autres sur une visibilité accrue du titre, et la lutte contre les fraudes. Roselyne Douillet © LAETITIA BONNET © DR Le nouveau conseil d’administration, au centre, Alain Fontaine, et Valérie Pons (troisième rang, 2e à partir de la droite). Les chefs Adrien Cachot (Monobar), Mory Sacko (Mojo), Fabrizio Ferrara (Osteria Ferrara), Georges Baghdi Sar (My Tannour), Youenn Le Lay (Krügen), Alexis Poirson, Marc Almeida et Thomas Crand (Louie Louie), Victor Garnier (Blend), Abdel Alaoui (Yemma), Charles Baudoux (Le Favori), Lalo Castaneda et Sara Arguedas (Tambo), Maxime Bertrand et Alexis Portman (Presqu’île), Laurent Meuret (Comptoir coréen), Muriel Taillandier et Julie Mathieu (Fou de pâtisserie), Margot Le Carpentier (Petit Combat), Tom Clarck (Coutume). Laetitia Bonnet-Mundschau Le comptoir de Mory Sacko, Mojo, proche de l’une des entrées de Food Society. Comptoirs et tables en matériaux bruts contrastent avec les couleurs vives de la signalétique. © STUDIO SLURP

6 L’Hôtellerie Restauration N° 3784 - 28 octobre 2022 La Cité internationale de la gastronomie de Lyon rouvre ses portes LYON Fermée en juillet 2020, quelques mois seulement après son ouverture, faute de visiteurs, la Cité internationale de la gastronomie s’offre un nouveau départ. Une renaissance qui est notamment le fruit du travail du Comité Rabelais, rassemblant des experts des milieux de la gastronomie, de la nutrition, de la santé et de l’agriculture. Située au sein du Grand Hôtel Dieu (Lyon, IIe), sur près de 4 000 m², la Cité internationale de la gastronomie rouvre ses portes au grand public plus de deux ans après sa fermeture. La Métropole de Lyon et ses partenaires ont décidé de relancer le projet sans s’éloigner de l’objectif d’origine. À savoir, construire une Cité autour de la gastronomie, de la santé et de l’alimentation durable. Mais pour qu’elle rencontre cette fois le succès, la Métropole de Lyon a opéré plusieurs changements. “Parmi les erreurs qui ont été faites, il y avait le prix d’entrée, trop élevé. Nous l’avons baissé à 7 €. Mais surtout, nous avons décidé de travailler avec les acteurs locaux, qui n’avaient pas été assez sollicités la première fois. D’où la création du Comité Rabelais qui a permis de construire cette nouvelle Cité de la gastronomie”, explique Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon. Composé de chefs, de spécialistes de l’alimentation, de l’artisanat des métiers de bouche ou encore de l’agriculture, ce comité scientifique a ainsi travaillé sur une nouvelle programmation pluridisciplinaire autour de sujets comme la résilience et la justice alimentaire, l’agriculture, l’éducation… “Ce qui nous unit, c’est l’envie d’avancer ensemble, de partager nos réflexions et d’innover pour réinventer la Cité de la gastronomie”, affirme Régis Marcon, chef 3 étoiles en Haute-Loire, membre du Comité Rabelais et membre fondateur du Fonds de dotation de la Cité internationale de la gastronomie. Trois nouvelles expositions à découvrir Pour le lancement de cette première saison, trois nouvelles expositions sont proposées au public, dont Banquet, qui a été conçue et réalisée par la Cité des sciences et de l’industrie de Paris. D’autres événements devraient enrichir la programmation dans l’année, avec notamment des show-cookings, des débats et conférences, des ateliers thématiques… Par ailleurs, un appel à projet sera lancé pour inciter les professionnels à participer pleinement à l’animation de ce lieu voué à faire rayonner notre gastronomie au niveau international. Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR772441 Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR172445 LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE Les Tours Duo, de l’architecte Jean Nouvel. Suite Deluxe Junior du TOO Hôtel, à Paris. Deux hôtels en un an ! Après avoir ouvert le très remarqué Madame Rêve dans l’ancienne poste du Louvre (Paris, Ier) en octobre 2021, Laurent Taïeb change de quartier et de style pour installer son TOO Hôtel au sommet de l’une des deux tours Duo, créées par Jean Nouvel dans un quartier en pleine mutation de l’Est parisien. Situé entre les 17e et 27e étages, l’établissement affilié MGallery s’étend sur 10 000 m² et offre, de toutes parts, des vues inédites sur la capitale, tel “un château suspendu au-dessus de Paris”, selon les mots de Philippe Starck, qui a assuré la direction artistique et l’architecture d’intérieur de l’ensemble de l’établissement. Dans ce bâtiment futuriste de verre et de béton, dont la construction a débuté en 2017, le designer a joué sur les matériaux pour créer une décoration moderne tout en restant chaleureuse, haut de gamme sans être ostentatoire. Ce contraste se remarque dès l’entrée de l’hôtel, aux murs en béton brut et d’une grande hauteur sous plafond, qui donne accès à un lobby aux couleurs chaudes, meublé de larges fauteuils et de tables en bois sculpté, et de grands tapis. Des ascenseurs mènent directement au 17e étage, à 80 mètres de hauteur, où débutent les 139 chambres et suites 4 étoiles. D’une superficie allant de 24 à 49 m² - elles sont réparties en 12 catégories - elles bénéficient toutes d’un panorama spectaculaire, avec un paysage urbain à perte de vue. Dans chacune d’entre elles, le lit est disposé face aux baies vitrées, pour offrir aux clients la meilleure perspective sur Paris et sa banlieue. Viser les 25-35 ans Les prix débutent à 230 € pour une chambre standard pour atteindre 600 € pour une Junior Suite Deluxe, des tarifs en dessous de la moyenne parisienne pour cette catégorie d’établissement, car Laurent Taïeb vise une clientèle jeune - entre 25 et 35 ans -, à la fois de loisirs et d’affaires, et souhaite “rendre accessible l’expérience inédite du TOO Hôtel au plus grand nombre”. Dans le cube de verre situé du 25e au 27e étages, au sommet de la tour, se trouvent le restaurant et le bar, deux lieux qui ont vocation à devenir des destinations pour touristes et Parisiens grâce, encore une fois, à la vue qu’ils offrent sur la ville. Le TOO restaurant, dirigé par Benjamin Six, chef exécutif de l’hôtel Madame Rêve, est ouvert de 7 heures à 17 heures (on y sert les petits déjeuners), puis de 19 heures à 23 heures. Il peut accueillir 140 clients, autour d’une cuisine du monde, avec un ticket moyen allant de 45 à 55 € le midi, et d’environ 100 € le soir. Enfin, à 120 mètres de haut, le TOO TacTac Skybar, ouvert de 17 heures à 2 heures, propose 40 places en intérieur dans une ambiance rappelant un club londonien, et s’ouvre sur la terrasse extérieure pouvant accueillir 140 personnes. Des DJ sets et animations sont prévus et le lieu peut être privatisé. Un spa, avec jacuzzi extérieur à 80 mètres de haut, sauna et salle de fitness, et des salles de réunions complètent l’offre du TOO Hôtel. L’enjeu est d’attirer, en plus des visiteurs internationaux, la clientèle d’affaires de ce quartier qui compte 60 000 salariés, ce qui en fait le deuxième quartier d’affaires de Paris après La Défense. “Le TOO Hôtel va à l’essentiel tout en cultivant l’extraordinaire. C’est ce cadeau-là que j’ai voulu faire aux Parisiens et aux voyageurs”, confie Laurent Taïeb. Le TOO Hôtel, nouvelle prouesse de Laurent Taïeb PARIS Perché en haut d’une des deux Tours Duo bâties par Jean Nouvel dans le sud de Paris, l’hôtel offre des vues spectaculaires dans ses 139 chambres, son restaurant et son bar panoramiques, avec une architecture d’intérieure haut de gamme signée Philippe Starck. Roselyne Douillet © STÉPHANIE PIOUD L’exposition Banquet propose au visiteur de vivre une expérience multisensorielle de la cuisine à la table. Stephanie Pioud Laurent Taïeb (assis) et Philippe Starck. © JÉRÔME GALLAND © JÉRÔME GALLAND

Quatre groupes de travail au chevet des lycées professionnels La ministre chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, vient d’installer quatre groupes de travail pour plancher sur la réforme des lycées professionnels. Remise des copies à la fin de l’année et premières expérimentions à partir de 2023. C’est au lycée Pierre-Gilles de Gennes, lycée général et technologique, à Paris (XIIIe), que Carole Grandjean a installé, le 21 octobre, les quatre groupes de travail “pour une réforme des lycées professionnels”. La ministre déléguée auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, a profité de l’occasion pour détailler les champs d’action de ces quatre entités, destinées à “nourrir les évolutions structurelles à conduire” en vue de “construire le lycée professionnel de demain”. Le premier groupe de travail s’intéresse ainsi à la problématique de “la réduction du nombre de décrocheurs”. Le deuxième planche, pour sa part, sur les façons de “mieux préparer les poursuites d’études supérieures requises par certains métiers”. Le troisième s’interroge sur les moyens à mettre en œuvre pour “améliorer le taux d’accès à l’emploi après le diplôme”. Enfin, le quatrième ouvre une réflexion sur “les marges de manœuvre que l’on peut donner aux établissements tout en conservant le caractère national des diplômes”. Mise en œuvre progressivement à partir de la rentrée 2023, puis tout au long du quinquennat d’Emmanuel Macron, cette réforme du lycée professionnel sera menée “en concertation avec toutes les parties prenantes”, a souligné Carole Grandjean. D’ailleurs celles-ci ont leur place au sein des groupes de travail, pilotés par des recteurs d’académies, qui réunissent une quarantaine de personnes chacun. Y figurent notamment des représentants des organisations syndicales, des régions, des parents d’élèves, des lycéens, des chefs d’établissements, des enseignants… “Faire réussir les jeunes” “Avec cette réforme, il s’agit de renouveler les pratiques pédagogiques, améliorer les conditions de travail et mieux accompagner les élèves”, confie-t-on dans l’entourage de Carole Grandjean. Pour ce faire, quelques pistes sont d’ores et déjà à l’étude. C’est le cas des conditions de poursuite de cursus après le BTS, de l’inclusion, du développement de la mixité des parcours, du travail avec les régions, de la création de nouveaux plateaux techniques… le tout dans une logique de “faire réussir les jeunes”. D’ici à la fin de l’année, les quatre groupes de travail doivent rendre leurs conclusions. Celles-ci serviront de base et d’inspiration à des expérimentations qui seront lancées dès le début de l’année 2023. Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR272456 Carole Grandjean a fait de la réduction du nombre de décrocheurs l’une de ses priorités. © PHILIPPE DEVERNAY – MENJ Anne Eveillard En 2020, dans les lycées de l’Hexagone, 61 % des sortants précoces étaient issus de la voie professionnelle. Autre constat : sur l’année scolaire 2020-2021, le taux de réussite au bac pro a atteint 82,3 % et 83,6 % en CAP. Enfin, 49 % des lycéens professionnels sortis en 2020 ont poursuivi leurs études. Les chiffres qui comptent

8 L’Hôtellerie Restauration N° 3784 - 28 octobre 2022 PARIS Avec l’ouverture de trois affaires en trois ans, le couple frappe fort et juste. En reprenant l’ancien restaurant de poissons Rech, ils rendent hommage à une institution parisienne. Après La Scène, restaurant 2 étoiles Michelin où s’exprime la cuisine de la cheffe, puis Mam, leur traiteur nouvelle génération, Stéphanie et David Le Quellec embrayent sur un restaurant de poissons pas comme les autres. Cette fois, c’est David Le Quellec qui est aux manettes, dans une cuisine ouverte, pour créer du lien avec les clients. Le hasard a conduit les pas du couple devant chez Rech (Paris, XVIIe), l’institution dédiée à la cuisine de la mer, où officiaient les équipes d’Alain Ducasse jusqu’à sa fermeture. Ils voient le panneau ‘à vendre’ et se prennent à imaginer ce qu’ils pourraient en faire, forts de leurs CV respectifs. “On n’avait pas pour projet d’ouvrir un restaurant cette année, mais on s’est dit : ‘Cette adresse est mythique, allons-y !’ ”. Et c’est ainsi qu’est né Vive, maison mer. “Garder l’ADN du poisson a été une évidence pour nous, mais il n’y a pas de comparaison possible, aussi bien dans l’assiette que dans le cadre totalement nouveau conçu par le cabinet d’architecte [l’Agence Costa, NDLR], explique Stéphanie Le Quellec. Le mot qui convient pour ce restaurant, c’est joyeux. On a fait une décoration dans cet esprit. L’ambition de Vive est d’être un super restaurant de quartier, une destination de poisson parmi les meilleures de Paris, et d’en faire un lieu de vie et de consommation à tout moment, pour les affaires, en famille, entre copains…” La cuisine répond à cette conception avec une offre de plats à partager. “On ne s’interdit rien” “Nous avons imaginé la carte en fonction de l’outil. Nous avons une grande cuisine de production [au sous-sol] et deux stations d’envoi, une en bas, avec le froid et la criée, une en haut avec des plats entiers à partager comme une sole pour deux ou trois personnes ou un chou-fleur rôti entier. C’était logique de s’organiser comme cela et les services sont fluides”, assure de son côté David Le Quellec. Et déjà un grand succès pour les praires farcies (20 €), le thon rouge pistou menthe-coriandre (26 €), ou la sériole, huile infusée bergamote-marjolaine (23 €). Côté plats, le poulpe doré, bouillon lié d’une douce harissa (en entier 79 € ou 49 € en demi), la pêche du jour est tarifée au poids, tandis que la vive (en clin d’œil au nom du restaurant) est “passée à la flamme, sucs des arêtes tomatés”. Une partie de la carte (20 %) sera changée toutes les deux semaines. “C’est un restaurant où l’on ne s’interdit rien et où l’onmontre une facette un peu folle de notre personnalité”, s’enthousiasme Stéphanie Le Quellec. Quant à David Le Quellec, il apprécie cette nouvelle vie : “J’accueille les clients, j’entame la conversation avec les gens qui sont devant moi au bar, ils me posent des questions, je sers le cru, le pain, voire je remplis les verres. Je me sens comme un aubergiste. L’échange avec les clients, je trouve ça génial !” Reste un écueil, le recrutement. “Le restaurant est actuellement fermé le dimanche soir et le lundi, car il nous manque 30 % des effectifs, confie la cheffe. Pour ouvrir tous les jours, nous avons besoin d’un total de 25 personnes. Nous voulons trouver la meilleure organisation pour nos équipes. Nous comptons même tester la semaine de 4 jours pour nos équipes.” Le lieu Le restaurant Vive, maison mer occupe deux niveaux. Au rez-de-chaussée, un bar monumental (12 places), un banc d’écailler, une cave à maturation de poissons et la cuisine ouverte, où David Le Quellec réalise les plats de poissons crus et les entrées devant les clients. S’y ajoutent une douzaine de places sur la banquette, soit 24. Dehors, une petite terrasse avec une grande table d’hôtes (10 places). Au premier étage, une atmosphère plus cosy “comme un appartement de vacances”, avec une cinquantaine de places, dont une partie de 25 couverts est privatisable dans une salle qui peut se fermer. Une question, un commentaire sur cet article ? www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR472329 RESTAURATION Au premier étage, une atmosphère plus cosy “comme un appartement de vacances”. Edouard Loubet devient le coach de Naïs Pirollet pour le Bocuse d’or Le chef Edouard Loubet rejoint l’équipe de France pour coacher Naïs Pirollet, candidate française au Bocuse d’or, toujours accompagnée de son commis Cole Millard. “Vivre le Bocuse d’or de l’intérieur et aider Naïs dans cette aventure en partageant mon savoir-faire est un réel engagement que je prends très à cœur. Le Bocuse d’or, c’est l’aboutissement d’un art, l’œuvre d’un pays, mais aussi faire partie d’une équipe riche des talents de nombreux chefs. J’aime les challenges, les énergies qui se révèlent au sein d’une compétition. Je n’ai peut-être fait aucun concours, mais je suis un compétiteur dans l’âme. Participer à faire gagner mon pays serait la concrétisation d’un rêve”, déclare Edouard Loubet. “Nous avons avec le chef Edouard Loubet les mêmes racines, ancrées dans les montagnes, et aimons la simplicité et l’authenticité, souligne Naïs Pirollet. Je le remercie pour son engagement à mes côtés au sein de l’équipe de France. Les idées fusent, l’énergie est là pour écrire la suite de l’histoire.” Le chef Jacques Marcon sera quant à lui président du jury France lors de la finale monde et reste investi au sein de la Team France pour apporter son savoirfaire, la complémentarité des expériences et des compétences étant essentielle pour soutenir l’équipe de France. © AGENCE CAMILLE CARLIER © DR © DR © DR © DR Stéphanie et David Le Quellec ouvrent Vive, maison mer David et Stéphanie Le Quellec : “On a créé trois maisons en trois ans et notre grande fierté, c’est de se dire que notre seul partenaire, c’est la banque.” Edouard Loubet, Naïs Pirollet et Cole Millard. Au rez-de-chaussée, un long bar et une banquette, soit 24 couverts. Nadine Lemoine

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Laurent Petit transmet son restaurant à ses employés et ouvre un nouveau chapitre La troisième étoile Michelin n’était pas l’aboutissement de sa carrière, mais une étape. Le chef du Clos des sens a cédé l’établissement à deux de ses employés et annonce un retour sur ses terres natales, en Haute-Marne où, accompagné de son épouse, Martine, il compte monter une nouvelle affaire. Ils sont nombreux ceux qui aimeraient racheter un fonds ou des murs à leur employeur. La plupart abandonnent l’idée. Comment financer un tel projet ? Où trouver les fonds ? Comment obtenir la confiance des banques ? C’est pourtant un rêve devenu réalité au Clos des sens à Annecy (Haute-Savoie), pour Thomas Lorival, 33 ans, responsable de salle, et Franck Derouet, 52 ans, chef exécutif. Une réalité rendue possible par la volonté et la philosophie généreuse d’un chef visionnaire, Laurent Petit, et de son épouse, Martine. “Une relation rendue possible parce que sincère, amicale et transparente pour nous quatre”, ajoutent les heureux et nouveaux) propriétaires. Trois ans de réflexion “Laurent et Martine m’avaient prévenu : la troisième étoile décrochée, on enclenche la transmission”, explique Yves Bontoux, leur consultant. “Ils ont toujours eu à cœur la continuité de la maison.” Une simple vente mercantile ne convenait pas à leur philosophie. Il fallait que Le Clos des sens, leur bébé, soit remis entre de bonnes mains, à des acheteurs partageant totalement leur philosophie, leurs convictions. Dès lors, à qui transmettre ? La solution la plus pertinente se trouvait parmi ceux qui ont toujours été présents et qui se sont battus à leurs côtés. “Peu de chefs d’entreprise ont cette intelligence, estiment Thomas Lorival et Franck Derouet. Nous avons grandi avec eux. Nous nous sommes épanouis au Clos des sens.” Alors impossible de laisser la maison entre des mains inconnues. “Nous avons mené une réflexion ensemble pour démontrer que nous avions les clefs de la réussite.” Ainsi, depuis trois ans, Laurent et Martine Petit les ont impliqués dans toutes les décisions stratégiques : recrutement, investissements, management, gestion et même cuisine... Par ailleurs, leur prévisionnel tenait la route : deux bilans (dont un impacté par le covid) montraient que l’entreprise était rentable. “Aucune banque ne pouvait nous refuser notre prêt, avance le duo de repreneurs. Nous visons le maintien de la troisième étoile et le rachat des murs. Laurent et Martine Petit ont trouvé une solution financière équitable. Ils ont fait ce qui était juste, allant jusqu’à continuer les investissements ces trois dernières années. Cette transmission est porteuse d’espoir pour la profession.” Le métier est vécu comme un ascenseur social. Entrés par la petite porte, grâce à la générosité et l’intelligence du couple Petit, ils rachètent aujourd’hui leur outil de travail. “Retourner au combat” Quant à Laurent et Martine Petit, ils fourmillent d’idées. “Je voulais fermer proprement ce chapitre de ma vie pour passer au suivant”, annonce le chef. Originaire de Buissière en Haute-Marne, il a renoué avec ses racines et un monde rural authentique. “J’ai pu racheter la maison de mon enfance et la grange attenante. Ce département est ignoré, alors qu’il a le Parc national de forêts et la Saône poissonneuse. Ce qui me fait le plus peur, c’est de ne plus côtoyer des jeunes alors que la moyenne d’âge au Clos des sens est de 25 ans. Leur force vive, leur créativité va me manquer.” Sous l’œil bienveillant de Martine, Laurent Petit lâche : “Je ne m’interdis pas de retourner au combat des étoiles pour servir mon village. Si je rencontre des jeunes motivés, je serai leur chef d’orchestre, leur premier de cordée. Il faut au moins atteindre la deuxième étoile pour avoir un éclairage médiatique. J’ai reçu un accueil incroyable des habitants, et cela conforte mon envie d’exposer le potentiel inouï de la région.” Laurent Petit a même rencontré deux pêcheurs professionnels, un parallèle tout trouvé avec le lac d’Annecy. À 59 ans, avec une énergie à revendre et des projets plein la tête, Laurent Petit est loin d’avoir dit son dernier mot. Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR572429 RESTAURATION Laurent Petit, Thomas Lorival, Franck Derouet et Martine Petit. Je ne m’interdis pas de retourner au combat des étoiles pour servir mon village. Si je rencontre des jeunes motivés, je serai leur chef d’orchestre, leur premier de cordée.” Laurent Petit Fleur Tari © MATHIEU CELLARD Bruno Verjus, 2 étoiles Michelin au restaurant Table (Paris, XIIe), vient d’ouvrir Cavalieri Restaurant (XVIe), dédié à la Méditerranée, avec Kevin et Christian Stradaioli en cuisine. Éric Buisset, Au Souper fin à Frichemesnil, s’est vu décerner le Gault&Millau d’or Normandie 2022. Anne Coruble, cheffe pâtissière de l’hôtel The Peninsula Paris, a remporté le prix Lebey 2022 du meilleur dessert. Les 14es Trophées de la gastronomie et des vins, organisés par Le Progrès, en collaboration avec les Toques blanches lyonnaises, ont désigné Philippe Etchebest chef de l’année. Le restaurant Memories (hôtel Grand Resort Bad Ragaz), du chef Sven Wassmer, décroche 3 étoiles au guide Michelin Suisse 2022. EN BREF

Les Grandes Tables du monde dévoilent leur palmarès 2022 SALZBOURG (AUTRICHE) Lors du congrès de l’association, quatre prix ont été décernés et un hommage a été rendu au chef autrichien Eckart Witzigmann. Le 68e congrès annuel des Grandes Tables du monde s’est tenu à Salzbourg (Autriche) du 16 au 18 octobre derniers. L’association, qui compte 178 établissements membres, a récompensé cinq professionnels lors du dîner de gala. • Prix Mauviel 1830 de la meilleure direction de salle : Éric Beaumard, restaurant Le Cinq au Four Seasons Hotel George V, Paris “Je suis très ému de cette distinction, et fier, car elle consacre avant tout un travail d’équipe : celui des femmes et des hommes qui m’entourent au quotidien et qui sont autant l’âme que les poumons du Cinq. Grâce à eux, aujourd’hui, ma vraie récompense, c’est lorsqu’un client quitte le restaurant avec le sentiment que le temps s’est arrêté”, a déclaré Éric Beaumard. • Prix de la meilleure pâtissière de restaurant : Aurélie CollombClerc, restaurant Flocons de sel, Megève “Les odeurs et les couleurs des plantes sauvages de montagne sont dans ma vie depuis toujours. Travailler aux côtés d’Emmanuel Renaut, pour qui la nature est une source d’inspiration aussi infinie que fragile, c’est évoluer dans une maison qui est aussi la mienne finalement, estime Aurélie Collomb-Clerc. Cette relation de confiance est au fondement de mon épanouissement professionnel et quelque part, de ce prix - dont je suis d’autant plus fière.” • Prix du meilleur sommelier : Christoph Kokemoor, restaurant Le Cheval blanc au grand hôtel Les Trois Rois, Bâle (Suisse) “Ce prix est une véritable consécration et la reconnaissance de ma collaboration de longue date avec Peter Knogl. Je suis heureux qu’ensemble nous puissions réaliser nos objectifs en tant qu’hôtes et faire le bonheur de nos clients”, a commenté Christoph Kokemoor. • Prix Bernardaud du meilleur restaurateur : Julien Royer, restaurant Odette à Singapour “Cette récompense montre à quel point l’amour le plus sincère pour la création d’expériences durables et intemporelles peut avoir une incidence positive, bien au-delà du restaurant, a estimé Julien Royer. C’est la sixième année consécutive que nous avons l’honneur de figurer sur cette liste prestigieuse, et c’est une véritable leçon d’humilité que d’être reconnus par Les Grandes Tables du monde.” • Prix d’honneur : Eckart Witzigmann, pour l’ensemble de sa carrière “Après Helmut Gietz (Erbprinz, Ettlingen) et Henry Levy (Maître, Berlin) j’ai été, en 1975, le troisième en Allemagne à rejoindre l’association Les Grandes Tables du monde, a rappelé Eckart Witzigmann. Je suis heureux d’être à nouveau honoré par l’association dans mon grand âge et je suis ravi d’avoir contribué à enrichir la culture de la gastronomie et l’art de cuisiner à Munich, et dans les pays germanophones.” Retrouvez les parcours des lauréats lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR372417 De gauche à droite : Éric Beaumard, Julien Royer, Aurélie Collomb-Clerc, Eckart Witzigmann et Christoph Kokemoor. © JEAN-CHARLES CASLOT

Réservations en direct : les hôteliers reprennent la main Selon une étude publiée par le cabinet Coach Omnium, les clients qui souhaitent réserver un hôtel sont de plus en plus nombreux à consulter d’abord les plateformes pour se renseigner, puis à contacter directement les établissements pour obtenir des tarifs plus avantageux. Le début d’un retournement de tendance ? Selon quels critères les internautes réservent-ils leur hôtel et comment procèdent-ils pour finaliser leur réservation ? La société d’études Coach Omnium a mené une enquête afin de comprendre les attentes et les comportements d’achat des clientèles hôtelières, française et européenne, qu’il s’agisse de séjours de loisirs ou d’affaires. Premiers enseignements de l’enquête : les critères pris en compte pour sélectionner un hôtel sont, dans l’ordre, la localisation, le prix, l’e-réputation de l’établissement et enfin le classement selon son nombre d’étoiles. Une fois que l’hôtel est présélectionné, 86 % des voyageurs regardent - parfois ou systématiquement - les notes et commentaires sur les plateformes de réservation (OTA), détaille Coach Omnium. Toutefois, la surprise de cette enquête par rapport à la précédente, menée en 2017, réside dans la place des réservations en direct auprès des hôtels : “[Celles-ci] arrivent à quasi-égalité avec celles via les OTA, déclarées respectivement par 70 % et 65 % des personnes interviewées (plusieurs réponses possibles). En 2017, c’étaient seulement 30 % des clients d’hôtels qui annonçaient réaliser des réservations en direct.” Selon Coach Omnium, les internautes utilisent désormais les OTA comme “simple source d’information” : 58 % d’entre eux se rendent ensuite sur les sites des établissements présélectionnés pour achever leur réservation. Différenciation tarifaire Une tendance également observée par les réseaux d’hôtels indépendants, qui tempèrent toutefois les chiffres. Karim Soleilhavoup, directeur général du groupe Logis Hotels, se félicite des résultats obtenus depuis quatre ans par son groupe : “La part des réservations sur le site logishotels.com a progressé de 8 points entre 2018 et 2022 par rapport aux OTA. Pour moi, c’est colossal !” Le dirigeant évoque, en plus, les réservations prises directement par téléphone, une habitude retrouvée depuis la crise sanitaire, notamment par la clientèle plus âgée. Pour Philippe Marguet, directeur général de The Originals, les campagnes de communication ainsi que l’amélioration des canaux de distribution menées depuis trois ans par la coopérative ont permis de faire quasiment doubler les ventes sur le site du groupe (+ 90 %) entre 2019 et 2022. Les ventes sur les sites des hôtels ont elles aussi progressé de 71 %. Mais, poursuit-il, cette augmentation est surtout le fait de la clientèle française. Or, l’été 2022 a vu le retour de la clientèle européenne, qui a tendance à privilégier les OTA. Principale raison qui explique cette tendance : la stratégie tarifaire différenciée. Chez Logis Hotels, “la commission prise par les OTA doit être payée par les clients, pas par les hôteliers. C’est pourquoi les chambres y sont vendues plus cher qu’en direct”, argumente Karim Soleilhavoup. Mais il faut, bien sûr, que les sites des hôtels soient “séduisants” et avec une “bonne e-réputation”, prévient Marc Watkins, de Coach Omnium. Ce qui est de plus en plus le cas, puisqu’hôtels et réseaux hôteliers ont réalisé un important travail de fond, ces dernières années, pour regagner les parts de marché perdues au profit des OTA, en perfectionnant leurs outils de commercialisation. Prochaine étape : travailler la gestion de la relation client (CRM), pour améliorer l’expérience au cours du séjour et fidéliser les voyageurs. * Enquête quali-quantitative menée en juin 2022 en face à face, auprès de 621 clients d’hôtels, français et européens, représentatifs de la clientèle hôtelière en France, par gamme, CSP, fréquence de séjours et origine. Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR72288 HÔTELLERIE Selon Coach Omnium, les OTA sont désormais utilisées comme source d’information. L’augmentation des prix de l’électricité et du gaz fait sa première victime dans l’hôtellerie en Italie : le groupe Cairoli Hotels, qui compte quatre établissements, a dû cesser son activité et mettre au chômage ses 275 salariés, relate le site lesechos. fr. Il doit faire face à des factures pour la consommation d’énergie qui sont passées de 100 000 € à 600 000 € par mois, et les aides mises en place par le gouvernement transalpin ne suffisent pas à absorber cette hausse. En Italie, “la part du chiffre d’affaires des hôtels consacrée au paiement des factures de gaz et d’électricité devrait bondir de 5 % en 2019 à au moins 20 % cette année”, précise le site d’information. IHG signe un nouvel hôtel Voco à Paris Intercontinental Hotel Group annonce l’ouverture, à l’été 2023, d’un nouvel hôtel Voco, à Clichy, à proximité du XVIIe arrondissement de Paris. Le Voco Paris porte de Clichy prendra place dans un bâtiment existant, actuellement sous enseigne Holiday Inn, qui sera converti pour l’occasion. Il disposera de 264 chambres, plusieurs restaurants et cafés, ainsi que d’espaces de réunion, pour s’adapter à la fois aux besoins des voyageurs d’affaires et de loisirs. Cet établissement sera conçu par Oscar Lucien Ono, fondateur et directeur de l’agence d’architecture d’intérieure Maison Numéro 20, avec une attention particulière accordée à l’utilisation de matériaux durables. Il s’agit du sixième hôtel de la marque en France et du deuxième à Paris, après le Voco Paris Montparnasse de 102 chambres, ouvert en 2020. Prix de l’énergie : en Italie, le groupe Cairoli Hotels cesse son activité © DR © DR Roselyne Douillet La part des réservations sur le site logishotels.com a progressé de 8 points entre 2018 et 2022 par rapport aux OTA. Pour moi, c’est colossal !” Karim Soleilhavoup, directeur général du groupe Logis Hotels © GETTYIMAGES Une chambre de l’hôtel Cairoli de Gênes (Italie).

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